Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI

La justice sociale est indispensable pour relever les défis mondiaux, déclare l'OIT à la Banque mondiale et au FMI

Dans des déclarations aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington, le Directeur général de l'OIT, Gilbert F. Houngbo, a mis l'accent sur les inégalités croissantes dans le monde et sur le besoin de justice sociale.

Actualité | 14 avril 2023
GENÈVE (OIT Infos) – Le Directeur général de l'Organisation internationale du Travail, Gilbert F. Houngbo, a appelé à une action multilatérale cohérente pour renforcer la dimension sociale du développement durable et de la croissance économique – comme l'envisage la Coalition mondiale pour la justice sociale proposée par l'OIT.

Dans des déclarations faites lors des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI à Washington, le Directeur général de l’OIT a souligné le besoin de justice sociale pour surmonter les défis auxquels sont confrontées les économies et les sociétés à travers le monde.

«La justice sociale permet aux sociétés et aux économies de fonctionner de manière plus cohérente et plus productive, en réduisant la pauvreté et la faim, les inégalités et les tensions sociales. Étant donné son importance capitale pour un développement socio-économique inclusif et durable, la justice sociale devrait être considérée comme l'une des pierres angulaires du multilatéralisme renouvelé qui est nécessaire pour surmonter les défis actuels», a déclaré Gilbert F. Houngbo.

Les déclarations au Comité monétaire et financier international et au Comité du développement soulignent la morosité des perspectives économiques, sociales et environnementales mondiales, l'impact de la crise du coût de la vie, la nécessité d'une transition juste vers des économies plus vertes et appellent à un soutien international accru pour parvenir à une protection sociale universelle.

Se référant aux conclusions du rapport sur les Tendances 2023 de l'Emploi et questions sociales dans le monde, l’OIT souligne le ralentissement économique mondial, qui risque de contraindre davantage de travailleurs à accepter des emplois de moindre qualité et mal rémunérés. Les femmes et les jeunes s'en sortent «nettement moins bien» sur les marchés du travail, selon les déclarations. Le taux de participation des femmes au marché du travail est inférieur à 48 %, contre 72 % pour les hommes. Le taux de chômage des jeunes est trois fois plus élevé que celui des adultes, et plus d'un jeune sur cinq n'a pas d'emploi, d'éducation ou de formation.

Les déclarations soulignent l'écart entre la croissance des salaires et la croissance de la productivité du travail, ainsi que la nécessité d'augmenter les salaires réels, de rattraper l'inflation et de s'aligner sur la croissance de la productivité.

«Les inégalités de revenus et la pauvreté augmenteront si le pouvoir d'achat des plus bas salaires n'est pas maintenu. La reprise post-pandémie pourrait être compromise. Cela pourrait alimenter de nouveaux troubles sociaux dans le monde entier et compromettre l'objectif de prospérité et de paix pour tous. Il est urgent d'appliquer des mesures politiques bien conçues pour aider à maintenir le pouvoir d'achat et le niveau de vie des travailleurs salariés et de leurs familles», souligne le Directeur Général de l’OIT dans ses déclarations.

Gilbert F. Houngbo a appelé à une relance du financement du développement, combinée à une refonte des structures d'incitation des entreprises afin d'encourager les investissements à long terme dans le secteur de l'énergie.

Décrivant la protection sociale universelle comme un «droit de l'homme et une responsabilité de l'État», il a appelé la communauté internationale à «soutenir les stratégies de financement qui peuvent mobiliser des ressources supplémentaires, favoriser une meilleure utilisation des ressources existantes et améliorer la coordination entre les multiples sources de financement nationales et internationales».

De telles actions seraient alignées sur les priorités de l'Accélérateur mondial des Nations Unies pour l'emploi et la protection sociale pour des transitions justes, protégeant les plus pauvres et vulnérables de façon systématique à l’impact des crises multiples et liées.

Dans une déclaration au Comité pour le développement, le Directeur général de l’OIT appelle le Groupe de la Banque Mondiale à «se positionner fermement» en tant que partenaire clé de l'Accélérateur mondial et à «renforcer son soutien institutionnel dans d'autres domaines qui affectent l'inclusion et la résilience, notamment la capacité des pays à mettre en œuvre les normes du travail».