Les femmes aux postes de direction

Une nouvelle initiative nationale vise à faire entrer davantage de femmes dans les conseils d'administration des entreprises jordaniennes

Une nouvelle plateforme numérique nationale, lancée sous le patronage de la reine Rania de Jordanie, vise à créer une base de données complète des femmes qualifiées pour occuper des postes de direction et des conseils d'administration d'entreprises, et ainsi accroître leur présence dans les rôles décisionnels du secteur privé.

Communiqué de presse | 5 octobre 2022
AMMAN (OIT Infos) – L'Association des banques de Jordanie (ABJ), en partenariat avec l'Organisation internationale du Travail (OIT) et le fonds Amam Ventures, a créé une plateforme numérique nationale visant à obtenir une meilleure représentation des femmes aux postes de décision dans le secteur privé.

Lancée sous le patronage de la reine Rania de Jordanie, la plateforme All on Board vise à constituer une base de données nationale complète de femmes compétentes et qualifiées pour occuper des postes de direction et de conseil d'administration dans le secteur bancaire et d'autres secteurs.

Dans le but d'accroître la diversité et l'équilibre entre les sexes dans le secteur privé jordanien, la plateforme met également ces femmes en contact avec les conseils d'administration et les cadres supérieurs des entreprises pour occuper des postes de direction, a expliqué Bassem Al Salem, président de l'ABJ.

«L'idée de la plateforme est née du fait que les conseils d'administration des banques manquaient de stratégies institutionnelles d'acquisition de talents pour permettre aux femmes qualifiées de rejoindre ces conseils», a expliqué Bassem Al Salem.

Malgré les progrès réalisés dans certains domaines de l'autonomisation des femmes en Jordanie, la participation des femmes au marché du travail reste faible, de 14 à 15 %, contre 54 % pour les hommes, selon les chiffres publiés par le Département des statistiques (DOS).

L'impact positif de la diversité de genre:
  • Réduit les préjugés sexistes implicites dans le processus de recrutement et augmente la défense des droits des femmes au sein des organisations;
  • Améliore la gestion et la performance des ressources, et élargit la base de clientèle;
  • Encourage le maintien dans l'emploi et améliore la productivité des femmes employées dans les services financiers;
  • Permet le dialogue et la diversité des perspectives, qui sont essentiels à la mise en place de systèmes financiers inclusifs;
  • Favorise l'inclusion financière;
  • Permet aux femmes leaders de s'exprimer sur les questions ayant un fort impact sur les femmes.
Les femmes n'occupent que 3,5 % des sièges des conseils d'administration des entreprises dans le pays, selon un rapport conjoint de 2015 de la Société financière internationale (SFI) et du Jordan Institute of Directors.

La Banque centrale de Jordanie (CBJ) a ordonné aux banques d'améliorer la participation des femmes au marché du travail en portant leur représentation dans les conseils d'administration à 20%, et aux postes de direction à 25 % d'ici 2024.

«Les femmes sont encore sous-représentées dans les conseils d'administration des banques», a déclaré le gouverneur de la CBJ, Adel Sharkas. «La CBJ élabore actuellement une nouvelle stratégie d'inclusion financière, qui contribuera aux efforts d'autonomisation des femmes et élargira leur accès aux services financiers.»

L'OIT s'est associée à Women on Boards of Jordan, une ONG nationale, pour lutter contre la sous-représentation des femmes dans les conseils d'administration et aux postes de décision dans les secteurs public et privé.

«La plateforme est le fruit d'une action nationale collective de parties prenantes travaillant sur la réforme législative et le développement des capacités des femmes, et convaincues de la nécessité d'améliorer leur accès aux postes de décision», a déclaré Reem Aslan, spécialiste des questions de genre pour les États arabes au sein du programme de travail décent pour les femmes de l'OIT.

«C'est un pas important vers l'autonomisation des femmes jordaniennes pour qu'elles puissent occuper des postes de direction, et vers l'augmentation de la participation des femmes au marché du travail dans le pays en général", a ajouté Mme Aslan, appelant les autres secteurs économiques nationaux à prendre des mesures similaires.

Elle a exhorté la Jordanie à adopter une législation et des politiques conformes à la Convention de l'OIT concernant la discrimination (emploi et profession), 1958 (n° 111), ratifiée par le pays en 1963.

«L'OIT aidera la Jordanie à atteindre l'objectif de développement durable 5.5, qui consiste à assurer la pleine participation aux postes de direction et de décision, et son indicateur 5.5.2, relatif à la proportion de femmes occupant des postes de direction», a déclaré Mme Aslan.

Tamara Abdel-Jaber, directrice générale d'Amam Ventures, a expliqué que le fonds «travaille avec ses partenaires pour former et qualifier les femmes jordaniennes afin de leur permettre d'accéder à des postes de direction et de décision dans les conseils d'administration des entreprises nationales.»

L'OIT et ses partenaires nationaux cherchent à créer un changement significatif grâce à un impact mesurable sur l'autonomisation et le leadership des femmes dans les conseils d'administration des entreprises privées, des entreprises publiques et des syndicats. Ils visent à plaider et à sensibiliser à la diversité des genres au niveau législatif; à encourager le secteur privé à adopter des politiques d'égalité des sexes et de diversité; à s'engager directement auprès du secteur bancaire pour changer la perception et les pratiques; et à renforcer les capacités des femmes occupant des postes de direction.

Elles font actuellement pression pour que des modifications soient apportées à la législation, notamment au droit des sociétés, au droit bancaire et aux instructions de gouvernance des sociétés cotées en bourse, afin d'introduire un système de quotas garantissant qu'un conseil d'administration comprend au moins 30 % de personnes de l'un ou l'autre sexe. Le lobbying a donné des indications utiles à un comité royal chargé de proposer des réformes politiques. Le comité a suggéré des amendements législatifs exigeant le même pourcentage dans les organismes publics et les entreprises et banques du secteur privé, ainsi que dans les associations professionnelles et les organisations d'employeurs.

L'OIT est à l’œuvre avec l’ONU Femmes, et avec le soutien de l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) et du gouvernement norvégien. La Suède et la Norvège sont des membres fondateurs de l'OIT et sont des partenaires clés et généreux dans la promotion de l'Agenda pour le travail décent.

En 2019, un rapport mondial de l'OIT qui a enquêté sur près de 13 000 entreprises dans 70 pays a révélé que les entreprises ayant une véritable diversité de genre, en particulier au niveau des cadres supérieurs, sont plus performantes et voient leurs bénéfices augmenter de manière significative.

Selon une enquête menée lors de l'élaboration du rapport de l'OIT intitulé Femmes d’affaires et femmes cadres: Les arguments en faveur du changement, plus de 57 pour cent des personnes interrogées ont reconnu que les initiatives en faveur de la diversité des genres amélioraient les résultats des entreprises. Près des trois quarts des entreprises qui ont suivi l'évolution de la diversité des genres dans leur gestion ont fait état d'une augmentation des bénéfices de l’ordre de 5 à 20 pour cent, la majorité d'entre elles ayant enregistré des augmentations comprises entre 10 et 15 pour cent.

Plus de 54 % d'entre elles ont déclaré avoir constaté des améliorations en matière de créativité, d'innovation et d'ouverture, et une proportion similaire a affirmé que l'intégration effective de la dimension de genre avait amélioré la réputation de leur entreprise.

Le rapport a également révélé qu'au niveau national, une augmentation de l'emploi féminin est positivement associée à la croissance du PIB. Ce constat est basé sur une analyse des données de 186 pays pour la période 1991-2017.