Formation sur le terrain

Une initiative pédagogique de l'OIT apporte de nouvelles compétences agricoles dans la vallée de la Bekaa au Liban

Alors que le Liban continue de se débattre dans une crise économique aux ramifications multiples, une formation menée par le programme PROSPECTS a permis à des stagiaires libanais et syriens d'acquérir les compétences clés nécessaires pour faire progresser leur carrière dans le secteur agricole du Liban.

Article | 25 juillet 2022

NASSRYET, Liban (OIT Infos) – Anwar Nour Al Ammouri avait une idée d'entreprise pour aider sa famille à joindre les deux bouts dans sa ville natale de Nassryet, dans la vallée de la Bekaa au Liban, où se concentre une grande partie de la production agricole du pays. Mais le chemin du rêve à la réalité d’une petite exploitation laitière ne semblait pas évident.

Lorsqu’elle apprit que l'OIT organisait une formation axée sur les compétences dans la région, Al Ammouri décida de s’inscrire au pour acquérir les compétences nécessaires pour devenir productrice de lait.

La formation était développée avec la Fondation AVSI et avec la coopération du ministère de l'Agriculture et financés par le programme PROSPECTS, un partenariat mondial soutenu par le gouvernement des Pays-Bas.

«J'ai entendu parler par ma famille ici, dans le village de Nassryet, d'une formation en élevage laitier. J'ai adoré l'idée, car je pensais déjà à acheter des vaches et à me lancer moi-même dans la production de lait», raconte Al Ammouri. Le lait est devenu très cher, et je me suis dit: «Pourquoi ne pas acheter des vaches et créer ma propre entreprise?».

D'autres stagiaires de la région ont rejoint Al Ammouri pour suivre un programme de 10 semaines consacré à un enseignement à la fois théorique et pratique. Ensuite, les étudiants ont poursuivi leur formation sur le terrain, avec des stages au sein d'entreprises privées locales, qui dans une exploitation laitière, qui dans une entreprise de machines agricoles…

Abdullah Mohammed Tarshishi, récemment diplômé du lycée, est l'un de ceux qui ont suivi la formation, avec des cours qui couvraient également la réparation et l'entretien des machines agricoles.

«Au cours de ces dix semaines, nous avons appris à réparer les machines agricoles, à nettoyer l'équipement, à identifier les problèmes mécaniques et à les résoudre rapidement», explique-t-il.

Au total, 103 stagiaires libanais et syriens ont intégré le programme après avoir été sélectionnés sur la base de leur expérience dans le domaine agricole.

«L'objectif de ce programme de formation était de permettre à ceux qui étaient déjà dans le secteur d'améliorer leurs compétences, aux travailleurs en reconversion de se recycler et aux nouveaux venus sur le marché du travail d'acquérir des compétences», explique Nassim Njeim, responsable national des compétences de PROSPECTS à l'OIT.

Avant le début des cours, OIT PROSPECTS a mis en place un programme de formation des formateurs avec des tuteurs travaillant en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, qui connaissaient le modèle et les objectifs de la formation. Un système qui permettra au Ministère de d’assurer la pérennité du programme et de l’implémenter dans d’autres écoles agricoles locales.

«Grâce à ce programme, nous essayons d'atteindre un niveau qui permette finalement aux étudiants d'avoir une entreprise», a déclaré Mahdi Ayoub, formateur au ministère de l'agriculture. «Ainsi, nous nous concentrons sur la couverture des aspects théoriques et pratiques de l'éducation des étudiants tout au long du cours. Grâce à la composante pratique, ils ont la possibilité de consolider les connaissances qu'ils ont acquises pendant les cours théoriques.»

Amal Mohammed Omar Zakkan est un ouvrier agricole syrien qui a participé aux cours et qui est maintenant employé dans une ferme à Nassryet.

«Nous avons appris beaucoup de choses: comment traiter une vache si son pis s'enflamme, comprendre pourquoi une vache ne mange pas, comment mesurer sa température et comment la soigner. L'expérience de la formation sur le tas à la ferme était meilleure, car nous pouvions voir les choses de nos propres yeux et les apprendre en pratique, et pas seulement avec des mots.»

Hussein Abdel Al Hossi, un autre stagiaire syrien, est du même avis. Il travaille dans la même ferme locale depuis sept ans, après avoir quitté son pays natal pendant la guerre qui a duré onze ans et trouvé refuge au Liban. Hassein rêve maintenant d'ouvrir sa propre entreprise grâce à la nouvelle formation qu'il a reçue.

«J’ai appris beaucoup pendant les cours, notamment sur la désinfection et le nettoyage, ainsi que la quantité de nourriture que doivent manger les vaches et leurs veaux. Je vais utiliser ces nouvelles connaissances dans la ferme où je travaille actuellement et dans ma propre ferme à l'avenir, si Dieu le veut.»

Le propriétaire d'une ferme locale, Ali Melhem Tarshishi, a convenu que ses ouvriers agricoles ont acquis des connaissances importantes grâce au programme de formation.

«Nos travailleurs qui ont participé à la formation ont appris beaucoup de choses pendant le cours qu'ils ne connaissaient pas auparavant, ou que nous ne leur avions pas enseignées correctement, notamment en ce qui concerne la phase finale du processus de traite, la façon de manipuler la vache et le veau, et la façon de les soigner en cas de maladie», ajoute Ali Tarshishi.

Le stagiaire Abdullah Mohammed Tarshishi raconte que le programme l'a rendu optimiste quant à l'avenir, malgré la crise – entre autres économique – à laquelle le pays est actuellement confronté.

«Cette formation a changé mes idées sur l'avenir. J'ai acquis de l'expérience dans un nouveau secteur, non seulement dans celui de l'agriculture, mais aussi dans celui de la mécanique», explique M. Tarshishi. «Notre région est une région agricole. J'ai appris à utiliser des machines diesel, des tracteurs et des équipements agricoles en général. C'est très utile en cette période de crise car cela ouvre de multiples portes en matière d'emploi.»

Anwar Nour Al Ammouri était visiblement fière de recevoir son certificat final lorsqu'elle a assisté à la cérémonie de remise des diplômes avec son mari et sa petite fille nouveau-née. Réaliser son rêve de créer une entreprise laitière semble désormais à portée de main.

«Je vais maintenant acheter deux vaches et créer une petite ferme», conclut-elle en ajoutant: «Et c’est grâce au soutien fondamental de mon mari. C'est lui qui est resté à la maison avec les enfants la plupart du temps pendant que je suivais mes cours de formation. Cela n'aurait pas été possible sans son aide.»

PROSPECTS est un partenariat mondial stratégique de quatre ans qui soutient les communautés d'accueil et les populations déplacées dans huit pays d'Afrique de l'Est et du Nord et dans les États arabes, en se concentrant sur trois piliers clés: l'éducation, l'emploi et la protection sociale. Financé par le gouvernement des Pays-Bas. Ce partenariat réunit la Société financière internationale (SFI), l'OIT, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et la Banque mondiale.