L'emploi des jeunes en Amérique Latine

Les jeunes Latino-américains en proie au chômage et à l’informalité

En Amérique latine, 108 millions de jeunes sont confrontés à des difficultés pour trouver du travail au début de leur vie professionnelle. Une nouvelle étude de l’OIT appelle à instaurer des politiques innovantes et efficaces pour contrer cette situation qui est source de découragement et de frustration.

Actualité | 13 février 2014
LIMA (OIT Info) – En Amérique latine, la croissance économique créatrice d’emplois n’a pas été assez vigoureuse ces dernières années pour améliorer la conjoncture de l’emploi pour les jeunes pris au piège du chômage et de l’informalité, constate l’OIT. 

«Nous sommes face à un enjeu politique qui exige de la détermination pour appliquer des politiques innovantes et efficaces permettant d’affronter la précarité du marché du travail», a déclaré Elizabeth Tinoco, Directrice régionale du Bureau de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes, en présentant un nouveau rapport intitulé «Trabajo decente y juventud: políticas para la acción» (Travail décent et jeunesse: des politiques pour agir).

«Il n’est pas surprenant de voir les jeunes descendre dans la rue puisque leur vie est empreinte de découragement et de frustration par manque de débouchés. Cela a des conséquences sur la stabilité sociale et même sur la gouvernance démocratique», a ajouté Mme Tinoco.

Le rapport, qui compare des données de 2005 à 2011, montre qu’à la fin de cette période, le chômage des jeunes avait presque atteint 14 pour cent. Bien que le taux ait reculé de 16,4 points de pourcentage par rapport à 2005, les travailleurs âgés de 15 à 24 ans sont confrontés à de plus grandes difficultés pour trouver un emploi et encore plus pour un emploi de qualité.

Le taux de chômage des jeunes reste deux fois plus élevé que le taux général et trois fois plus élevé que celui des adultes. En outre, les jeunes représentent 43 pour cent de la totalité des chômeurs dans la région. Dans la catégorie des plus bas revenus, le taux de chômage des jeunes a dépassé les 25 pour cent, tandis qu’il est inférieur à 10 pour cent dans les secteurs à hauts revenus.

Le rapport montre également que près de 6 jeunes sur 10 sont employés dans le secteur informel, ce qui va généralement de pair avec de bas salaires, l’insécurité de l’emploi et l’absence de protection et de droits.

Seuls 37 pour cent des jeunes cotisent à la sécurité sociale et 29,4 pour cent au régime des retraites. Seuls 28,2 pour cent des jeunes qui travaillent disposent d’un contrat écrit contre 61 pour cent des adultes.

Particulièrement inquiétant est le nombre élevé, environ 21 millions, de jeunes NEET – ceux qui n’ont pas d’emploi et ne suivent ni études ni formation.

Environ un quart de ces jeunes cherchent du travail mais n’en trouvent pas. Douze millions d’entre eux, essentiellement des femmes, s’occupent des tâches ménagères et les 4,6 millions restants ne s’occupent pas du foyer et ne sont pas à la recherche d’un emploi.

Parallèlement, le nombre de jeunes qui sont étudiants à plein temps a augmenté, passant de 32,9 pour cent en 2005 à 34,5 pour cent en 2011.

«Il ne fait aucun doute que nous sommes en présence de la génération la mieux éduquée de toute l’histoire. Pour cette raison, nous devons prendre les mesures qui s’imposent pour mieux exploiter leur potentiel et leur donner l’occasion de commencer leur vie professionnelle sur de bonnes bases», a conclu Mme Tinoco.