Gender, Migration and Development

L’OIT salue l’Appel à l’action de Manille en faveur de la protection des droits des femmes migrantes

Les gouvernements de 38 pays, des syndicats, des organisations d’employeurs, des acteurs du secteur privé et de la société civile, y compris des associations religieuses et des associations de femmes, des organisations universitaires et des organisations internationales ont adopté ici un Appel à l’action pour améliorer les chances et protéger les droits des femmes migrantes et de leur famille partout dans le monde.

Actualité | 30 septembre 2008

MANILLE (Nouvelles du BIT) – Les gouvernements de 38 pays, des syndicats, des organisations d’employeurs, des acteurs du secteur privé et de la société civile, y compris des associations religieuses et des associations de femmes, des organisations universitaires et des organisations internationales ont adopté ici un Appel à l’action pour améliorer les chances et protéger les droits des femmes migrantes et de leur famille partout dans le monde.

Plus de 430 représentants ont officiellement adopté l’Appel à l’action de Manille à la Conférence sur les migrations, l’égalité hommes-femmes et le développement qui s’est déroulée les 25-26 septembre 2008. L’Appel souligne l’importance de saisir les opportunités et de garantir les droits des travailleuses migrantes et leurs familles:

«L’Appel à l’action de Manille est une vaste plateforme, avec des solutions pratiques et réalisables», a déclaré Linda Wirth, Directrice du Bureau sous-régional de l’OIT pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Manille. «Nous voyons beaucoup de femmes migrantes déqualifiées; elles représentent une forte proportion de la fuite des cerveaux, en particulier dans les secteurs de la santé et l’éducation. Davantage de femmes que d’hommes sont victimes de l’exploitation sexuelle. Elles travaillent dans des secteurs invisibles, comme les travaux domestiques qui peuvent donner lieu à des situations d’exploitation et d’abus. Mais nous savons aussi que les migrants hommes sont confrontés à des conditions de vie et de travail déshumanisantes dans certains secteurs et sont presque aussi nombreux dans la traite et le travail forcé. Ils doivent souvent assumer de nouveaux rôles familiaux quand les mères émigrent.»

Aujourd’hui, la «féminisation» de la migration a fait que les femmes représentent presque la moitié de la population immigrée mondiale. Le nombre de femmes immigrées est passé de 35,3 millions en 1960 à 94,5 millions en 2005. La majorité d’entre elles s’expatrient pour travailler ou étudier. Mais elles constituent toujours une proportion significative des migrants au titre du regroupement familial et du droit d’asile. Cependant, les solutions qui répondent à la question de l’égalité entre les sexes en protégeant les droits des femmes ne sont pas encore mises en place dans l’ensemble des pays. Alors qu’elles sont souvent confrontées à de multiples défis, les femmes bénéficient aussi des nouvelles opportunités que leur ouvre la migration – de meilleurs emplois et une évolution des rôles féminins et masculins.

Bien que l’expatriation puisse être synonyme d’émancipation pour de nombreuses travailleuses, une telle indépendance ne peut pas être considérée comme automatique.

«De nombreuses femmes immigrées connaissent une régression professionnelle, une déqualification et une réorientation du travail salarié vers la sphère domestique. Trop de femmes migrantes sont, aujourd’hui encore, terriblement exploitées et abusées, victimes de traite, de servage et d’esclavage», déclare Gloria Moreno-Fontes Chammartin, Spécialiste des migrations au BIT.

«Nous estimons aussi que le coût social le mieux identifié et le plus douloureux de l’émigration est la séparation des enfants de leurs parents, qui peut être encore plus difficile pour les mères», ajoute-t-elle.

La dimension de genre des coûts et des bénéfices sociaux de la migration; la préservation des droits des travailleuses émigrées; les opportunités d’améliorer l’égalité hommes-femmes; les avantages de l’expatriation pour les femmes et leurs familles: ces questions figuraient parmi les principaux thèmes de discussion de la conférence et ont servi de base aux recommandations incluses dans l’Appel à l’action de Manille. Le secteur privé et les syndicats furent des participants actifs aux côtés d’autres organisations concernées. En plus des recommandations faites aux gouvernements, c’est le rôle essentiel joué par les entreprises, y compris à travers leurs chaînes d’approvisionnement, pour maintenir les normes fondamentales du travail et combattre le trafic, qui a été mis en exergue. Le rôle clé des syndicats et des associations de migrants dans l’organisation des travailleurs migrants pour lutter en faveur de leurs droits et d’un travail décent et durable a également été souligné.

Dans une résolution de la conférence, les représentants ont appelé les Etats participants au second Forum mondial sur la migration et le développement qui se tiendra à Manille du 27 au 30 octobre 2008 à intégrer l’Appel à l’action 2008 comme une contribution substantielle sur les migrations, l’égalité hommes-femmes et le développement aux délibérations et aux résultats du forum. Ils ont plaidé en faveur d’une perspective fondée sur l’égalité des genres et les droits pour l’ensemble des politiques, législations et programmes des pays d’origine et d’accueil dans le domaine des migrations et du développement. Ils ont aussi recommandé que la dimension de genre de la migration et la participation de multiples acteurs fassent partie intégrante de toutes les délibérations à venir du Forum sur les migrations, l’égalité hommes-femmes et le développement.