Des experts de sept pays d’Europe méridionale et orientale ont débattu du défi que représente l’emploi des jeunes

Malgré une croissance en hausse, les économies sont incapables de créer suffisamment d’emplois décents et productifs et cette carence frappe de plein fouet la jeunesse. Telle a été la conclusion des experts d’Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de Croatie, de l’ex-République yougoslave de Macédoine, du Monténégro, de Serbie et de Slovénie qui se sont réunis ici les 6 et 7 décembre.

Actualité | 12 décembre 2007

LJUBLJANA, Slovénie (Nouvelles du BIT) – Malgré une croissance en hausse, les économies sont incapables de créer suffisamment d’emplois décents et productifs et cette carence frappe de plein fouet la jeunesse. Telle a été la conclusion des experts d’Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de Croatie, de l’ex-République yougoslave de Macédoine, du Monténégro, de Serbie et de Slovénie qui se sont réunis ici les 6 et 7 décembre.

Le «Séminaire sous-régional tripartite d’experts sur l’emploi décent pour les jeunes» a été organisé par le ministère du Travail, des Affaires sociales et familiales de Slovénie et le Bureau international du Travail (BIT) pour discuter du lien qui unit croissance économique et création d’emplois décents pour les jeunes.

Une recherche récente, conduite par le BIT sur le marché du travail des jeunes dans la partie occidentale des Balkans et la Slovénie, montre qu’en moyenne les taux de chômage des jeunes équivalent au moins au double de ceux de la population en âge de travailler (Note 1). Dans certains pays, le taux de chômage des jeunes a atteint des sommets au cours de la période de transition, atteignant 62,3 pour cent en Bosnie-Herzégovine, 59,8 pour cent dans l’ex-République yougoslave de Macédoine et 58,2 pour cent au Monténégro.

Cette recherche montre que non seulement le chômage des jeunes demeure élevé mais que sa durée s’allonge aussi: en moyenne, plus des trois quarts des jeunes chômeurs sont à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an.

En outre, le rythme de croissance des sans emplois se combine avec un fardeau supplémentaire, celui des nombreux jeunes sous-employés ou cantonnés à des emplois précaires, souvent dans le secteur informel de l’économie. Près de 69 pour cent des jeunes travailleurs d’Albanie et environ 60 pour cent de ceux de Bosnie-Herzégovine sont employés dans l’économie informelle.

L’enquête du BIT signale que l’informalité touche principalement les jeunes les moins éduqués. Elle met aussi en évidence que le travail informel et la précarité constituent pour ces jeunes davantage une impasse qu’une étape vers l’emploi décent. De nombreux jeunes travailleurs se trouvent pris au piège des emplois précaires. Par exemple, la recherche du BIT a constaté qu’en 2006 la part du travail temporaire de la main-d’œuvre générale était de 12 pour cent en Croatie, alors qu’elle atteignait 51,1 pour cent chez les jeunes.

Les jeunes femmes forment une part plus importante de l’emploi temporaire que les hommes. En Slovénie, 51 pour cent des femmes de moins de 30 ans sont titulaires de contrats temporaires contre 38 pour cent chez les hommes du même âge.

Les spécialistes de l’emploi de jeunes ont débattu de leurs pratiques nationales, ainsi que des stratégies et actions que devaient mettre en œuvre leurs gouvernements et leurs organisations syndicales et patronales pour diffuser plus largement et plus durablement la promotion du travail décent des jeunes, hommes et femmes, aux niveaux national et régional. Ils ont mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la cohérence des politiques en matière d’emploi des jeunes et ont suggéré que les gouvernements et les organisations d’employeurs et de travailleurs fassent de l’emploi des jeunes une priorité nationale, en la plaçant au cœur des politiques économiques et sociales et en adoptant des plans d’action nationaux consacrés à l’emploi des jeunes.

Les participants au séminaire ont également réaffirmé qu’une action efficace en faveur de l’emploi des jeunes exige «une approche intégrée et cohérente qui conjugue des interventions aux niveaux macro et micro-économiques et traite aussi bien l’offre et la demande de travail que la quantité et la qualité des emplois» (Note 2). Ils ont souligné l’importance de mettre en place des politiques efficaces et équitables en matière d’emploi afin de surmonter les difficultés auxquelles se heurtent les jeunes pour obtenir et conserver un emploi décent.

Le ministère du Travail, des Affaires sociales et familiales de Slovénie assurera un suivi de la promotion de l’emploi des jeunes grâce à une série de forums sur ce thème qui se tiendront lorsque la Slovénie présidera, prochainement, le Conseil de l’Union européenne. L’emploi décent des jeunes sera aussi le thème d’une réunion informelle des ministres du Travail et des Affaires sociales de l’Union européenne qui se déroulera en juin 2008 pendant la Conférence internationale du Travail de l’OIT à Genève.


Note 1 - L’OIT conduit une analyse du marché du travail des jeunes et des politiques, programmes et institutions qui concernent les jeunes dans les pays suivants: Albanie, Bulgarie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, ex-République yougoslave de Macédoine, Monténégro, Roumanie, Serbie et Slovénie.

Note 2 - OIT: Résolution et conclusions de la Commission sur l’emploi des jeunes, adoptée le 15 juin 2005, 93e Session de la CIT, Genève, 2005. /public/french/standards/relm/ilc/ilc93/pdf/resolutions.pdf.