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Une scolarité manquée pousse Iman à franchir de nouvelles étapes d'apprentissage

Un programme multi-agences a permis à des centaines de Yéménites vulnérables d'acquérir des compétences pratiques, des connaissances financières, un enseignement théorique et une formation sur le tas, leur donnant ainsi les moyens de s'assurer un revenu durable.

Article | 14 juillet 2021
SANAA, Yémen (OIT Infos) – Iman Mohammed vient d'une famille de 11 personnes dans le village de Bani Quis, dans le gouvernorat de Hajjah, au nord-ouest du Yémen. La famille est soutenue financièrement par son père, travailleur salarié quotidien et livreur à moto.

Iman a abandonné très jeune l'école située à six kilomètres de son village car elle n'avait pas les moyens de s’y rendre. Aujourd'hui âgée de 18 ans et semi-alphabète, elle aurait aimé avoir la chance d'apprendre davantage à l'école.

«Je me souviens que j'étais une excellente élève à l'école primaire, mais malheureusement, je ne sais ni lire ni écrire comme les autres filles de mon âge qui ont maintenant terminé le lycée», dit-elle.

Ayant décidé de poursuivre d'autres options d'apprentissage afin d'obtenir des compétences professionnelles pratiques, Iman a rejoint un programme d'apprentissage – la composante Compétences et entrepreneuriat du Programme conjoint de soutien aux moyens de subsistance résilients et à la sécurité alimentaire au Yémen (ERRYJP II). Ce programme est financé par l'Union européenne et l'ASDI et mis en œuvre par l'Organisation internationale du Travail (OIT) en partenariat avec la Fondation yéménite Ghadaq.

«Bien que cette formation ait lieu dans le village de Kashir, qui se trouve à six kilomètres de mon village, il était hors de question que je rate cette chance d'apprendre quelque chose de nouveau dans ma vie», a déclaré Iman.

Sa détermination à tirer le meilleur parti de cette nouvelle opportunité de formation était évidente pour Ahlam Ali Hussein, un instructeur théorique du ministère de l'enseignement technique et de la formation professionnelle (MTEVT), spécialisé dans la confection, la couture et le stylisme.

«Bien qu'Iman soit semi-alphabète, elle a fait preuve d'un grand intérêt et a réussi facilement à maîtriser les bases de la couture et de la confection», a déclaré Ahlam Hussein.


En plus de l'enseignement théorique, Iman a acquis des compétences utiles en couture grâce à la formation pratique qu'elle a reçue au laboratoire de couture de Kashir auprès de son maître artisan, Ashwaq Darweesh.

«Iman ne connaissait pas grand-chose à la couture et à la confection, mais elle a rapidement appris et produit des vêtements bien coupés», a déclaré Ashwaq Darweesh.

Mohammed a maintenant commencé à coudre des robes à la maison et elle espère que cela se transformera en une entreprise florissante qui lui fournira une source de revenus durable.

«Habituellement, la confection d'un vêtement moyen nécessite 2 000 rials yéménites (environ 8 dollars), en tenant compte du coût des cols, du fil et du tissu», explique-t-elle. «Lorsque je vends la pièce finale, elle se vend au moins 3 000 rials, ce qui me laisse un bénéfice d'environ 1 000 rials.»

«Pendant la période des fêtes de l'Aïd, j'ai pu faire un bon bénéfice», a-t-elle ajouté, en réfléchissant aux résultats des compétences qu'elle a acquises au cours de la phase de formation. «J'ai fabriqué environ 12 robes traditionnelles pour femmes, deux robes ordinaires et trois pantalons.»

Iman est l'une des 590 apprentis qui ont reçu une formation théorique, pratique et financière, suivies d'une formation sur le tas dispensée par 320 maîtres artisans (MCP). Le programme avait auparavant fourni aux MCP une formation sur les méthodologies d'apprentissage, une formation et une évaluation basées sur les compétences (CBT/A) et une formation sur la sécurité et la santé au travail (OSH). Les MCP étaient ainsi en mesure de former les apprentis et de les aider à améliorer leurs conditions de travail.

ERRYJP II est un programme de trois ans financé par l'Union européenne (UE) et l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA), mis en œuvre au Yémen par l’OIT, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme alimentaire mondial (PAM) dans six gouvernorats vulnérables: Abyan, Hajjah, Hodeidah, Lahj, Sanaa et Taiz.