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Demande directe (CEACR) - adoptée 2011, publiée 101ème session CIT (2012)

Convention (n° 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999 - Ethiopie (Ratification: 2003)

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Observation
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Article 3 de la convention. Pires formes de travail des enfants. Alinéa a). Toutes les formes d’esclavage ou pratiques analogues. Vente et traite des enfants. La commission avait noté précédemment que les articles 635 à 638 du Code pénal de 2004, tel que modifié, interdisent la traite des mineurs à des fins d’exploitation sexuelle, et que les articles 597 à 600 du Code pénal interdisent la traite des enfants à des fins d’exploitation de leur travail. La commission avait prié le gouvernement d’indiquer la définition des termes «mineur» et «enfant» aux fins de ces dispositions du Code pénal.
La commission prend note de l’information contenue dans le rapport du gouvernement selon laquelle, tant dans le Code civil que dans la loi (révisée) sur la famille, le terme «mineur» désigne les personnes de moins de 18 ans. Par ailleurs, aux fins des articles 597 à 600 et 635 à 638 du Code pénal, les termes «mineur» et «enfant» désigne les personnes âgées de moins de 18 ans. Par ailleurs, A cet égard, la commission note avec intérêt que l’article 198 du Code civil et l’article 215 de la loi (révisée) sur la famille définissent le terme «mineur» comme étant les personnes âgées de moins de 18 ans.
Recrutement forcé d’un enfant en vue de son utilisation dans un conflit armé. La commission avait noté précédemment que, conformément à l’article 270(m) du Code pénal, il est interdit de recruter des enfants qui n’ont pas atteint l’âge de 18 ans en tant que membres des forces armées pour prendre part à un conflit armé. La commission avait demandé au gouvernement de fournir des informations sur l’application pratique de cette disposition.
La commission prend note de l’information contenue dans le rapport du gouvernement, à savoir que, depuis 1991, aucune infraction à l’article 270(m) du Code pénal n’a été enregistrée ni fait l’objet d’enquêtes ou de poursuites.
Alinéa c). Utilisation, recrutement ou offre d’un enfant aux fins d’activités illicites. Production et trafic de stupéfiants. La commission avait noté précédemment que l’article 525(1) du Code pénal interdit la production, la possession, l’importation, la distribution ou l’acquisition de plantes ou de substances toxiques, narcotiques ou psychotropes. La commission avait noté aussi que l’article 525, paragraphe 2(c), prévoit des peines plus lourdes lorsque des enfants ont été utilisés à ces fins. La commission avait demandé au gouvernement d’indiquer la définition du terme «enfants» aux fins de l’application de l’article 525 du Code pénal.
La commission note avec intérêt que le terme «enfants» à l’article 525 du Code pénal désigne toutes les personnes de moins de 18 ans, conformément aux dispositions du Code civil et de la loi (révisée) sur la famille.
Alinéa d). Travaux dangereux. Enfants travaillant dans le secteur informel. Dans ses commentaires précédents, la commission avait noté que la proclamation no 377/2003 portant loi sur le travail, qui interdit d’engager des personnes de moins de 18 ans dans des travaux dangereux, ne s’applique pas aux travailleurs indépendants. A cet égard, la commission avait pris note de l’indication du gouvernement selon laquelle, étant donné que le travail indépendant des enfants ne relève pas du champ d’application de la proclamation susmentionnée, cette disposition de la convention n’est pas appliquée de manière adéquate.
La commission prend note des informations (qui sont les plus récentes disponibles) contenues dans l’Enquête nationale de 2004-05 sur la main-d’œuvre, à savoir que seulement 2,14 pour cent des enfants qui travaillent en Ethiopie sont occupés dans le cadre d’une relation de travail formelle, et que 96,21 pour cent sont des travailleurs familiaux non rémunérés. La commission note aussi, à la lecture du programme par pays de promotion du travail décent de l’OIT pour l’Ethiopie (2009-2012), que la plupart des enfants qui travaillent sont occupés dans l’agriculture et dans divers secteurs de l’économie informelle en milieu urbain. A ce sujet, la commission note aussi que, selon un rapport du 15 décembre 2010 sur les pires formes de travail des enfants en Ethiopie («Findings on the Worst Forms of Child Labour – Ethiopia») consultable sur le site Internet du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, il arrive que les enfants qui se trouvent dans le secteur agricole effectuent des travaux qui sont dangereux lorsqu’ils utilisent des machines et des outils comportant des risques, portent de lourdes charges ou répandent des pesticides nocifs. Ce rapport indique aussi que des enfants peuvent être engagés dans des activités dangereuses dans d’autres secteurs de l’économie informelle – mineurs dans de petites exploitations minières, bergers, vendeurs ambulants en zone urbaine.
La commission rappelle au gouvernement que la convention s’applique à tous les secteurs d’activité économique, y compris aux enfants qui travaillent à leur compte, dans le secteur informel ou qui ne sont pas rémunérés. De plus, la commission souligne qu’en vertu de l’article 3 d) de la convention les travaux dangereux sont considérés comme étant l’une des pires formes de travail des enfants et que l’article 1 de la convention oblige les Etats Membres à prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer l’interdiction et l’élimination des pires formes de travail des enfants et ce, de toute urgence. Par conséquent, la commission prie le gouvernement de prendre des mesures immédiates et efficaces pour que les enfants de moins de 18 ans qui ne travaillent pas dans le cadre d’une relation de travail, par exemple ceux qui travaillent à leur compte, dans le secteur informel ou qui ne sont pas rémunérés, n’accomplissent pas des travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à leur santé, à leur sécurité ou à leur moralité.
Articles 5 et 7, paragraphe 1. Mécanismes de surveillance et sanctions. La commission avait noté précédemment, d’après les informations figurant dans le Rapport mondial sur la traite des personnes, établi en 2009 par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, qu’un certain nombre de personnes en Ethiopie avaient fait l’objet d’enquêtes et de poursuites pour traite de personnes. La commission avait demandé au gouvernement d’indiquer si des victimes de ces actes étaient âgées de moins de 18 ans.
La commission prend note de l’absence d’informations sur ce point dans le rapport du gouvernement. Toutefois, la commission note que, dans son rapport, le gouvernement fait mention du document du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 48) du 10 novembre 2009 qui indique qu’une Direction de la surveillance de la traite des femmes et des enfants a été créée au sein du ministère des Affaires étrangères (paragr. 48). De plus, la commission note à la lecture d’un rapport de 2010 sur la traite des personnes en Ethiopie (disponible sur le site Internet du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) que la police fédérale a créé en novembre 2009 une section de lutte contre la traite des personnes et contre les stupéfiants au sein de son unité d’enquête sur le crime organisé, ce qui a permis d’accroître le nombre des enquêtes et des poursuites dans ce domaine à l’échelle nationale, et d’apporter des améliorations, en collaboration avec les services du Procureur, dans le traitement judiciaire des cas. La commission prie le gouvernement d’indiquer si des personnes de moins de 18 ans ont été victimes dans ces cas de traite. A ce sujet, elle le prie également de fournir des statistiques sur le nombre des enquêtes menées par les autorités compétentes de surveillance et d’application de la loi, de poursuites engagées, de condamnations prononcées et de sanctions imposées.
Article 6. Programmes d’action. Dans ses commentaires précédents, la commission avait noté que le Plan du gouvernement en vue du développement accéléré et soutenu pour mettre fin à la pauvreté (PASDEP) comportait des programmes visant à protéger les enfants contre les mauvais traitements, l’exploitation et la violence, et à fournir une assistance aux orphelins et aux enfants touchés par les conflits.
La commission prend note de l’information contenue dans le rapport du gouvernement selon laquelle, dans le cadre du PASDEP, 49 parlements d’enfants ont été institués dans l’ensemble du pays pour faciliter la participation des enfants et pour accorder une place importante dans ce plan aux problèmes les concernant. La commission prend note aussi de l’indication suivante du gouvernement: le Plan national d’action 2010-2014 visant à éliminer les pires formes de travail des enfants a été élaboré en consultation avec les organisations de travailleurs et d’employeurs, et des consultations sont en cours pour finaliser et mettre en œuvre ce plan. La commission note également, à la lecture du rapport du gouvernement sur l’application de la convention no 138, que des procédures, protocoles et principes directeurs ont été élaborés pour garantir l’applicabilité pratique du plan. Le gouvernement indique qu’un projet pilote d’essai a été entrepris au cours duquel des enfants engagés dans les pires formes de travail des enfants ont été identifiés, soustraits au travail, réadaptés puis réintégrés dans leurs familles. La commission prie le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour finaliser et mettre en œuvre effectivement le Plan national d’action visant à éliminer les pires formes de travail des enfants. Elle le prie également de fournir des informations sur les mesures concrètes prises dans le cadre de ce plan, et sur les résultats obtenus, en particulier d’indiquer le nombre des enfants victimes des pires formes de travail des enfants que le plan a permis d’atteindre.
Article 7, paragraphe 2. Mesures efficaces prises dans un délai déterminé. Alinéa a). Empêcher que des enfants ne soient engagés dans les pires formes de travail des enfants. Assurer l’accès à l’éducation de base gratuite. La commission avait pris note précédemment des efforts que le gouvernement déploie pour améliorer le fonctionnement du système éducatif, en particulier dans le primaire au moyen du Programme de développement du secteur de l’enseignement. Néanmoins, la commission avait noté que, dans ses observations finales du 1er novembre 2006, le Comité des droits de l’enfant s’est déclaré préoccupé de constater que l’enseignement primaire n’est toujours ni gratuit ni obligatoire et que les taux de scolarisation nets étaient toujours très bas. Dans ses commentaires au titre de l’application de la convention no 138, la commission avait noté que le Comité des droits de l’enfant s’était dit préoccupé, entre autres, par le fait que les abandons scolaires sont nombreux, que l’enseignement primaire est payant, que les écoles sont surpeuplées, que le taux de passage dans l’enseignement secondaire est faible, que le nombre d’enseignants formés et d’établissements scolaires est insuffisant et que la qualité de l’enseignement est médiocre (CRC/C/ETH/CO/3, paragr. 63 et 64).
La commission prend note de l’indication du gouvernement selon laquelle il donne une importance capitale à l’éducation des enfants en général et de groupes vulnérables en particulier. Le gouvernement indique que la mise en œuvre du Programme de développement du secteur de l’enseignement a permis d’obtenir des résultats considérables dans ce secteur. Notamment, le taux de scolarisation net dans le primaire est passé de 68,5 pour cent en 2004-05 à 83 pour cent en 2008-09. Le gouvernement indique dans le rapport qu’il a soumis au titre de l’application de la convention no 138 qu’il a fait passer le nombre des établissements d’enseignement primaire de 13 181 en 2003-04 à 23 354 en 2008-09, et celui des établissements d’enseignement secondaire de 595 à 1 087 pendant la même période. En outre, la commission note que, dans son rapport, le gouvernement déclare que l’enseignement primaire est gratuit. Le gouvernement dit aussi dans ce rapport qu’il met en œuvre l’ensemble des mesures visant à améliorer la qualité de l’enseignement général, qui comprennent six programmes ayant trait à la qualité de l’éducation. La commission prend dûment note des efforts déployés par le gouvernement pour améliorer la qualité de l’enseignement de base, et pour accroître les taux de scolarisation et l’accès à l’enseignement de base gratuit. Considérant que l’éducation contribue à empêcher que les enfants ne soient engagés dans les pires formes de travail des enfants, la commission encourage le gouvernement à poursuivre ses efforts pour améliorer le fonctionnement du système d’enseignement, dans le cadre de l’ensemble des mesures visant à améliorer la qualité de l’enseignement général, et pour améliorer l’accès à l’enseignement de base gratuit. Elle le prie également de continuer d’indiquer les mesures prises à cet égard et les résultats obtenus, en particulier en ce qui concerne l’amélioration des taux de scolarisation et la diminution des taux d’abandon scolaire.
Traite et exploitation sexuelle à des fins commerciales. Dans ses commentaires précédents, la commission avait noté que, selon les données de l’UNICEF, l’Ethiopie figure parmi les dix premiers pays dont sont originaires les enfants victimes de traite à partir de l’Afrique, et que, chaque année, des milliers de femmes et de filles sont ainsi transportées de l’Ethiopie au Moyen-Orient. La commission avait noté aussi que, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), des Ethiopiens pauvres vendent leurs enfants pour une somme aussi dérisoire que 1,20 dollar par enfant à des trafiquants qui les font travailler comme prostitués, domestiques, tisseurs ou mendiants professionnels. Environ 20 000 enfants, dont certains âgés de 10 ans, sont vendus chaque année par leurs parents à cette fin.
La commission prend note avec regret de l’absence d’information sur ce point dans le rapport du gouvernement. Toutefois, elle note que, dans le rapport qu’il a soumis le 10 novembre 2009 au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, il indique que, en ce qui concerne la traite vers l’étranger, principalement le Moyen-Orient, les problèmes socio-économiques sont le principal facteur de vulnérabilité des victimes (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 47). Le gouvernement indique que la traite vers l’étranger diminue et fait mention des mesures qu’il a prises pour faire baisser tant la traite que la prostitution, par exemple l’amélioration de l’accès des filles à l’éducation, l’action visant à réduire le nombre des mariages précoces et la création d’autres possibilités économiques (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 51). Le gouvernement indique aussi que le ministère du Travail et des Affaires sociales et le ministère de l’Education ont agi en partenariat avec l’OIM dans le cadre de plusieurs initiatives axées en particulier sur la prévention (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 48). La commission prend note aussi des informations contenues dans le Rapport de 2010 sur la traite de personnes en Ethiopie, à savoir que les manuels de l’enseignement scolaire dans le pays donnent des informations sur le travail et la traite des enfants. Ce dernier rapport indique également que, bien que le gouvernement ait redoublé d’efforts pour prévenir la traite vers l’étranger, les mesures visant à sensibiliser à la traite à l’intérieur du pays restent négligeables. A ce sujet, la commission note que, selon le programme 2009-2012 par pays de promotion du travail décent de l’OIT, parmi les nombreux enfants soumis aux pires formes de travail des enfants, beaucoup sont victimes de traite interne. La commission prie donc instamment le gouvernement de redoubler d’efforts pour empêcher que les enfants ne soient victimes de traite, en particulier de traite interne, et d’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Elle le prie également d’indiquer les mesures concrètes prises à cet égard.
Alinéa b). Prévoir l’aide nécessaire et appropriée pour soustraire les enfants des pires formes de travail des enfants et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale. Enfants victimes de la traite et de la prostitution. Dans ses commentaires précédents, la commission avait noté que, d’après la déclaration du gouvernement, bien qu’il existe plusieurs organisations communautaires qui fournissent des services aux enfants victimes, ces services sont insignifiants par rapport à l’ampleur de l’exploitation et des sévices sexuels. De plus, la commission avait noté que, dans ses observations finales du 1er novembre 2006, le Comité des droits de l’enfant avait recommandé au gouvernement de consacrer des ressources supplémentaires à l’appui des activités dont s’occupent aujourd’hui principalement des organisations non gouvernementales qui favorisent la réadaptation physique et psychologique de tous les enfants touchés par l’exploitation sexuelle.
La commission note que, dans son rapport, le gouvernement indique que des principes directeurs pour une réadaptation et un traitement adaptés aux enfants ont été élaborés en faveur des enfants victimes d’exploitation et de sévices sexuels, principes qui permettent aussi que ces victimes soient protégées et aidées pendant les poursuites judiciaires. La commission prend note aussi de l’indication du gouvernement dans le rapport qu’il a soumis le 10 novembre 2009 au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, à savoir qu’il a établi des postes de surveillance dans certaines stations d’autobus, dans les zones où la traite est comparativement très répandue. Le gouvernement indique que ces postes de surveillance visent à identifier les enfants victimes de traite et à les ramener à leur famille (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 49). La commission prend note aussi des informations contenues dans le Rapport de 2010 sur la traite de personnes en Ethiopie: il y a une unité de protection des enfants (c’est-à-dire une équipe d’identification et d’orientation formée par la police et une organisation non gouvernementale) dans la gare routière centrale d’Addis-Abeba dont la seule tâche est d’identifier et d’obtenir une aide pour les enfants victimes de traite. Ce rapport indique qu’en 2009 l’Unité de protection de l’enfance a identifié 1 134 enfants victimes de traite, soit 235 de plus que l’année précédente. Elle a confié 116 enfants victimes de traite à des centres d’accueil d’organisations non gouvernementales pour qu’on s’occupe d’eux et que l’on retrouve leur famille, et rendu 757 enfants à leurs parents ou membres de leur famille à Addis-Abeba et dans les régions périphériques. De plus, le rapport indique que le Département chargé des affaires sociales et civiles de l’administration de la ville d’Addis-Abeba a ramené 26 enfants victimes de traite à leurs familles dans les régions et placé cinq enfants dans un centre d’accueil. La commission prie le gouvernement de poursuivre ses efforts pour soustraire à leur situation les enfants victimes de traite et pour assurer leur réadaptation et leur insertion sociale. Elle le prie aussi de continuer d’indiquer les mesures prises à cette fin, ainsi que le nombre des victimes de traite âgées de moins de 18 ans qui ont été identifiées par l’Unité de protection de l’enfance et qui ont bénéficié des services gouvernementaux chargés d’assurer leur réadaptation et de les ramener à leurs familles.
Alinéa d). Identifier les enfants particulièrement exposés à des risques. Enfants victimes/orphelins du VIH/sida et autres enfants vulnérables. La commission avait noté précédemment, d’après l’information du gouvernement contenue dans son rapport intitulé «Progrès dans l’application de la Déclaration d’engagement des Nations Unies sur le VIH/sida» de mars 2008, que, bien que l’Ethiopie ne dispose pas d’une politique ou d’une stratégie pour répondre aux besoins supplémentaires des autres enfants vulnérables, certaines activités sont en cours pour élaborer une stratégie spécifique destinée aux orphelins. Toutefois, la commission avait noté que, selon l’ONUSIDA, l’Ethiopie possède l’une des plus importantes populations d’enfants orphelins en raison du sida dans l’Afrique subsaharienne, et que les programmes actuels ne touchent qu’une partie de ces enfants.
La commission prend note des informations contenues dans le rapport que le gouvernement a soumis sur l’application de la convention no 138, selon lesquelles il met en place un programme en faveur des enfants orphelins et vulnérables, avec la participation des autorités publiques compétentes, d’organisations non gouvernementales et de la communauté. La commission note aussi que, selon le rapport du gouvernement «Progrès dans l’application de la Déclaration d’engagement des Nations Unies sur le VIH/sida» de mars 2010, 34,6 pour cent des ménages comptant des enfants orphelins et vulnérables reçoivent une aide extérieure de base pour ces enfants. Le gouvernement indique que sont menées à petite échelle dans tout le pays de nombreuses activités de soins et d’aide pour ces enfants, y compris la prestation d’une formation à des qualifications et à la gestion commerciale pour aider les enfants dans cette situation, des transferts monétaires aux ménages au moyen de programmes de microfinancement et une aide alimentaire et nutritionnelle. Le gouvernement ajoute qu’en 2008-09 235 558 enfants orphelins et vulnérables ont bénéficié d’une aide éducative, 167 313 d’une aide nutritionnelle et pour le logement, 23 741 d’une aide financière et 20 348 d’une aide sous la forme d’activités créatrices de revenu. Toutefois, le gouvernement indique dans ce rapport qu’il y a environ 2 300 000 enfants orphelins et vulnérables dans le pays. De plus, il dit dans ce rapport que la coordination et l’harmonisation des activités en faveur de ces enfants ne sont pas suffisantes. La commission prend note aussi des informations contenues dans un document de l’UNICEF sur l’Ethiopie qui porte sur la protection de l’enfance et qui est disponible sur le site Internet de l’UNICEF, selon lesquelles un nombre croissant d’enfants des rues ont perdu leurs parents en raison de maladies souvent liées au VIH/sida. Rappelant que les enfants orphelins et vulnérables risquent davantage d’être engagés dans les pires formes de travail des enfants, la commission prie instamment le gouvernement de redoubler d’efforts, dans le cadre du programme d’aide aux enfants orphelins et vulnérables, pour que les enfants orphelins en raison du VIH/sida et les autres enfants vulnérables soient protégés contre ces pires formes de travail. Elle le prie également d’indiquer les mesures efficaces qui ont été prises dans un délai déterminé à cet égard et les résultats obtenus.
Enfants des rues. La commission avait noté précédemment que, d’après les informations contenues dans le rapport du gouvernement soumis au Comité des droits de l’enfant, le gouvernement et l’UNICEF avaient lancé un programme qui traite des besoins et des préoccupations des enfants des rues, et fourni des services en matière d’éducation, de santé, de conseil, ainsi que des services légaux (CRC/C/129/Add.8, paragr. 210-211). Néanmoins, la commission avait noté que, dans ses observations finales du 1er novembre 2006, le même comité s’était déclaré profondément préoccupé par le nombre croissant d’enfants des rues, en particulier dans les grands centres urbains.
La commission prend note des informations contenues dans le document de l’UNICEF «La protection de l’enfant», à savoir que, selon le ministère du Travail et des Affaires sociales, il y a de 150 000 à 200 000 enfants des rues dans le pays, et qu’un million d’enfants sont vulnérables ou risquent de vivre dans la rue. Ce document de l’UNICEF indique aussi que l’accroissement du nombre des enfants des rues à Addis-Abeba est l’un des problèmes sociaux les plus préoccupants de la ville. De plus, selon le document de l’UNICEF, les filles qui vivent dans la rue risquent beaucoup de devenir victimes de la prostitution. Rappelant que les enfants des rues sont particulièrement exposés aux pires formes de travail des enfants, la commission prie le gouvernement de prendre des mesures immédiates et efficaces pour les protéger contre ces pires formes de travail. Elle le prie également d’indiquer les mesures efficaces prises dans un délai déterminé pour soustraire à leur situation les enfants des rues et pour assurer leur réadaptation et leur insertion sociale.
Alinéa e). Situation particulière des filles. La commission avait relevé précédemment dans l’évaluation rapide de la situation des enfants domestiques à Addis-Abeba, réalisée par l’OIT/IPEC en juillet 2002, qu’on comptait de 6 500 à 7 500 enfants domestiques dans cette ville. Cette étude indiquait que ces enfants sont gravement exploités, qu’ils ne perçoivent en contrepartie de longues heures de travail qu’un salaire dérisoire ou sont mal nourris et mal logés, et qu’ils sont vulnérables aux sévices physiques et sexuels.
La commission prend note de l’indication figurant dans le programme 2009 2012 par pays de promotion du travail décent de l’OIT selon laquelle de nombreux enfants travaillent dans le secteur informel en milieu urbain, y compris en tant que domestiques, et que, bien que l’on manque de données fiables, nombre d’entre eux travaillent dans des conditions d’exploitation qui font partie des pires formes de travail des enfants. La commission note aussi que, dans le rapport qu’il a soumis le 10 novembre 2009 au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, le gouvernement indique qu’une proportion importante des femmes et enfants domestiques à Addis-Abeba sont issus de zones rurales. Le gouvernement indique aussi dans ce rapport que les filles qui effectuent des tâches domestiques ont moins de possibilités d’aller à l’école et que le travail domestique est également une cause de redoublement et d’abandon scolaire (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 46 et 92). La commission prend note avec regret de l’absence d’information sur ce point dans le rapport du gouvernement. La commission prie de nouveau le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour empêcher que les enfants de moins de 18 ans, les filles en particulier, ne soient engagés dans le travail domestique dans des conditions d’exploitation. Prière d’indiquer les mesures efficaces prises dans un délai déterminé à cet égard ainsi que les résultats obtenus.
Point V du formulaire de rapport. Application pratique. Faisant suite à ses commentaires précédents, la commission prend note de l’indication du gouvernement qui figure dans le rapport qu’il a soumis le 10 novembre 2009 au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, à savoir que la traite des enfants ainsi que leur exploitation au moyen de la prostitution existent dans tout le pays, et que la traite des femmes et des enfants des zones rurales vers les zones urbaines est un phénomène particulièrement répandu (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 45). Le gouvernement indique dans ce rapport que des filles sont victimes de traite à des fins de prostitution et qu’une proportion considérable des femmes et des enfants prostitués à Addis-Abeba sont issus de zones rurales (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 46). Le gouvernement dit également dans ce rapport qu’on ne dispose pas de données fiables et complètes sur l’émergence et la fréquence de la traite (CEDAW/C/ETH/6-7, paragr. 45). La commission note aussi, à la lecture du programme 2009-2012 par pays de l’OIT de promotion du travail décent que beaucoup d’enfants seraient soumis aux pires formes de travail des enfants en Ethiopie, y compris à la prostitution et au travail domestique dans des conditions d’exploitation. Néanmoins, ce document indique aussi que l’on manque de données précises et fiables. La commission se dit préoccupée par la fréquence apparente des pires formes de travail des enfants dans le pays et prie instamment le gouvernement de redoubler d’efforts pour lutter contre ces pires formes de travail des enfants, en particulier la traite et l’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Elle le prie aussi de faire le nécessaire pour rendre disponibles des données suffisantes sur la situation des enfants engagés dans les pires formes de travail des enfants. Dans la mesure du possible, toutes les informations fournies devraient être ventilées par sexe et par âge.
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