Allégations: Les organisations plaignantes dénoncent l’ingérence du gouvernement
dans les élections syndicales dans l’administration publique, l’intimidation, la mise à pied
et la détention de responsables syndicaux sous l’impulsion du ministère de la Fonction
publique
- 663. Le comité a examiné ce cas émanant de plusieurs syndicats de la
fonction publique pour la dernière fois à sa réunion de juin 2023 et a présenté à cette
occasion un nouveau rapport intérimaire au Conseil d’administration. [Voir 403e rapport,
approuvé par le Conseil d’administration à sa 348e session (juin 2023), paragr. 429 à
437 .]
- 664. Le comité a dû ajourner l’examen du cas à deux reprises, en
l’absence de réponse du gouvernement. À sa réunion de mars 2024 [voir 405e rapport,
paragr. 7], le comité a regretté l’absence persistante de coopération et lancé un nouvel
appel pressant au gouvernement, indiquant qu’il présenterait un rapport sur le fond de
l’affaire à sa prochaine réunion, même si les informations ou observations demandées
n’étaient pas reçues à temps. À ce jour, le gouvernement n’a pas envoyé les informations
attendues.
- 665. La République démocratique du Congo a ratifié la convention (nº 87)
sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, la convention (nº 98)
sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949, ainsi que la convention
(nº 135) concernant les représentants des travailleurs, 1971.
A. Examen antérieur du cas
A. Examen antérieur du cas- 666. Lors du dernier examen du cas en juin 2023, le comité a formulé les
recommandations suivantes [voir 403e rapport, paragr. 437]:
- a) Le comité déplore
profondément que, malgré le temps écoulé depuis la présentation de la plainte, dont
les faits remontent à plus de dix ans, le gouvernement à ce jour n’ait toujours pas
fourni de réponse aux recommandations du comité. Le comité exhorte une fois de plus
le gouvernement à faire preuve de plus de coopération à l’avenir. En outre, le
comité prie à nouveau instamment les plaignants de fournir toute information
pertinente concernant l’état d’avancement des nombreuses questions soulevées dans ce
cas.
- b) Le comité exhorte le gouvernement à prendre sans délai les
dispositions nécessaires pour que les arrêtés contestés de 2013 pris par le
ministère de la Fonction publique soient revus en consultation avec les
organisations de travailleurs concernées.
- c) Le comité ne peut qu’exhorter
une fois encore le gouvernement à entreprendre sans délai des consultations avec
toutes les organisations représentatives de travailleurs concernées, y compris
l’Intersyndicale nationale du secteur public (INSP) et les Syndicats indépendants de
l’administration publique (SIAP), sur les modalités de la représentation des
intérêts des travailleurs en vue de la négociation collective dans l’administration
publique. Le comité prie instamment le gouvernement de le tenir informé à cet égard.
- d) Le comité exhorte le gouvernement à communiquer le procès-verbal de
constitution de l’Intersyndicale nationale de l’administration publique (INAP) ainsi
que le procès-verbal de remise et reprise entre l’ancienne intersyndicale (INSP) et
l’INAP, et à transmettre ses observations à cet égard.
- e) Le comité attend
fermement du gouvernement qu’il donne des instructions urgentes pour que des
syndicalistes exerçant leurs fonctions syndicales légitimes dans l’administration
publique ne puissent plus subir de préjudice dans l’emploi et pour que les
responsables de tels actes soient punis. Aussi, le comité exhorte le gouvernement à
diligenter des enquêtes sur les cas cités d’actions disciplinaires à l’encontre de
dirigeants syndicaux afin de déterminer si ces actions ont sanctionné l’exercice
légitime d’activités syndicales et, le cas échéant, de prévoir le versement d’une
indemnisation suffisamment dissuasive.
- f) Notant que M. Muhimanyi et M.
Endole Yalele ont porté plainte devant la cour d’appel pour violation du délai légal
de clôture de dossier disciplinaire, le comité prie une nouvelle fois instamment le
gouvernement de le tenir informé du résultat des plaintes.
- g) Le comité
exhorte le gouvernement à diligenter sans délai une enquête sur les circonstances de
l’arrestation et de la détention de dirigeants syndicaux en juillet 2013 et novembre
2014 et à le tenir informé des résultats et des suites données.
- h) Le
comité prie une nouvelle fois instamment le gouvernement d’indiquer les suites
données aux recours administratifs et judiciaires formés par les organisations
plaignantes.
- i) Rappelant fermement que les dirigeants syndicaux ne
devraient pas être soumis à des mesures de rétorsion, et notamment des arrestations
et des détentions, pour avoir exercé des droits découlant des instruments de l’OIT
sur la liberté syndicale, y compris pour avoir déposé plainte auprès du Comité de la
liberté syndicale, et soulignant l’importance de veiller à ce que les droits
syndicaux puissent s’exercer normalement, dans le respect des droits fondamentaux de
l’homme et dans un climat exempt de pressions, de menaces et de craintes de tous
ordres, le comité attend fermement du gouvernement qu’il fournisse sans délai des
informations détaillées sur les motifs et l’état des mesures de révocation et
disciplinaires à l’encontre des dirigeants syndicaux et syndicalistes suivants: M.
NKungi Masewu, président du SYAPE; M. Embusa Endole, président du Syndicat Espoir;
M. Gongwaka, dirigeant syndical; M. Kaleba, président du comité de base
CCT/Finances; et M. Kalambay, coordinateur du COSSA. Notant avec préoccupation les
allégations additionnelles de harcèlement à l’encontre des responsables syndicaux,
le comité prie instamment le gouvernement de fournir des informations sur la
situation de MM. Mulangu Ntumba, secrétaire général de SAFE, et Tshimanga Musungay,
secrétaire général du Renouveau syndical du Congo (RESYCO).
- j) Le comité
attend fermement du gouvernement qu’il fournisse sans délai des informations
détaillées en réponse aux allégations selon lesquelles des dirigeants syndicaux dans
la fonction publique feraient l’objet de mesures disciplinaires, notamment la
révocation, et en particulier sur les motifs retenus pour justifier la révocation en
mai 2016 du président du Syndicat des agents et fonctionnaires publics de l’État
(SYAPE), M. NKungi Masewu.
- k) Compte tenu des difficultés à obtenir les
informations attendues de la part du gouvernement comme des organisations
plaignantes, le comité rappelle qu’il invite le gouvernement à accepter une mission
consultative pour faciliter la compréhension et la résolution des questions en
suspens.
B. Conclusions du comité
B. Conclusions du comité- 667. Le comité déplore profondément l’absence totale de coopération du
gouvernement à la procédure: malgré le temps écoulé depuis la présentation de la
plainte, dont les faits remontent à plus de dix ans, le gouvernement n’a toujours pas
fourni de réponse aux recommandations du comité, alors qu’il a été invité à le faire à
de très nombreuses reprises, y compris par des appels pressants, en vue d’obtenir des
informations détaillées sur le présent cas.
- 668. Dans ces conditions, et conformément à la règle de procédure
applicable [voir 127e rapport, paragr. 17, approuvé par le Conseil d’administration à sa
184e session], le comité se voit dans l’obligation de présenter, pour la huitième fois,
un nouveau rapport sur le fond de l’affaire, sans pouvoir tenir compte des informations
qu’il espérait recevoir du gouvernement. Le comité regrette également que l’organisation
plaignante n’ait pas non plus fourni les informations attendues concernant l’évolution
des nombreuses questions soulevées dans ce cas.
- 669. Le comité rappelle une fois encore au gouvernement que l’ensemble de
la procédure instituée par l’Organisation internationale du Travail pour l’examen
d’allégations en violation de la liberté syndicale des travailleurs et des employeurs
est de promouvoir et d’assurer le respect de cette liberté en droit et en pratique.
[Voir Compilation des décisions du Comité de la liberté syndicale, sixième édition,
2018, paragr. 3.] Le comité demeure convaincu que, si la procédure protège les
gouvernements contre les accusations déraisonnables, ceux-ci doivent à leur tour
reconnaître l’importance de présenter, en vue d’un examen objectif, des réponses
détaillées aux allégations formulées à leur encontre. [Voir premier rapport, 1952,
paragr. 31.] Le comité exhorte une fois encore le gouvernement à faire preuve de plus de
coopération à l’avenir, d’autant qu’il continue à bénéficier de l’assistance technique
du Bureau.
- 670. Rappelant que le présent cas, soumis par plusieurs organisations
syndicales de la fonction publique, porte sur l’ingérence présumée, dans l’impunité, du
gouvernement en tant qu’employeur dans les activités des organisations syndicales, en
particulier des mesures d’intimidation et des mesures disciplinaires à l’encontre de
dirigeants syndicaux, et l’adoption d’une réglementation contestée concernant
l’organisation d’élections syndicales dans l’administration publique visant à mettre en
place une intersyndicale (INAP) sous contrôle comme interlocuteur unique du
gouvernement, le comité se voit dans l’obligation de renvoyer, une nouvelle fois, aux
conclusions et aux recommandations qu’il a formulées lors de l’examen du présent cas à
sa réunion de juin 2023. [Voir 403e rapport, paragr. 429 à 437.] Le comité prie à
nouveau instamment les plaignants de fournir toute information pertinente concernant
l’état d’avancement des nombreuses questions soulevées dans ce cas. Enfin, compte tenu
des difficultés à obtenir les informations attendues de la part du gouvernement comme
des organisations plaignantes, le comité rappelle avec insistance qu’il invite le
gouvernement à accepter une mission consultative pour faciliter la compréhension et la
résolution des questions en suspens.
Recommandations du comité
Recommandations du comité- 671. Au vu des conclusions qui précèdent, le comité invite le Conseil
d’administration à approuver les recommandations suivantes:
- a) Le comité déplore
une nouvelle fois profondément que, malgré le temps écoulé depuis la présentation de
la plainte, dont les faits remontent à plus de dix ans, le gouvernement à ce jour
n’ait toujours pas fourni de réponse aux recommandations du comité. Le comité
exhorte une fois de plus le gouvernement à faire preuve de plus de coopération à
l’avenir. En outre, le comité prie à nouveau instamment les plaignants de fournir
toute information pertinente concernant l’état d’avancement des nombreuses questions
soulevées dans ce cas.
- b) Le comité exhorte une fois encore le gouvernement
à prendre sans délai les dispositions nécessaires pour que les arrêtés contestés de
2013 pris par le ministère de la Fonction publique soient revus en consultation avec
les organisations de travailleurs concernées.
- c) Le comité ne peut
qu’exhorter une fois de plus le gouvernement à entreprendre sans délai des
consultations avec toutes les organisations représentatives de travailleurs
concernées, y compris l’Intersyndicale nationale du secteur public (INSP) et les
Syndicats indépendants de l’administration publique (SIAP), sur les modalités de la
représentation des intérêts des travailleurs en vue de la négociation collective
dans l’administration publique. Le comité prie instamment le gouvernement de le
tenir informé à cet égard.
- d) Le comité exhorte une fois encore le
gouvernement à communiquer le procès-verbal de constitution de l’Intersyndicale
nationale de l’administration publique (INAP) ainsi que le procès-verbal de remise
et reprise entre l’ancienne intersyndicale (INSP) et l’INAP, et à transmettre ses
observations à cet égard.
- e) Le comité réitère qu’il attend fermement du
gouvernement qu’il donne des instructions urgentes pour que des syndicalistes
exerçant leurs fonctions syndicales légitimes dans l’administration publique ne
puissent plus subir de préjudice dans l’emploi et pour que les responsables de tels
actes soient punis. Aussi, le comité exhorte une fois de plus le gouvernement à
diligenter des enquêtes sur les cas cités d’actions disciplinaires à l’encontre de
dirigeants syndicaux afin de déterminer si ces actions ont sanctionné l’exercice
légitime d’activités syndicales et, le cas échéant, de prévoir le versement d’une
indemnisation suffisamment dissuasive.
- f) Notant que M. Muhimanyi et
M. Endole Yalele ont porté plainte devant la cour d’appel pour violation du délai
légal de clôture de dossier disciplinaire, le comité exhorte le gouvernement à le
tenir informé du résultat des plaintes.
- g) Le comité exhorte une fois de
plus le gouvernement à diligenter sans délai une enquête sur les circonstances de
l’arrestation et de la détention de dirigeants syndicaux en juillet 2013 et novembre
2014 et à le tenir informé des résultats et des suites données.
- h) Le comité
exhorte le gouvernement à indiquer les suites données aux recours administratifs et
judiciaires formés par les organisations plaignantes.
- i) Rappelant fermement
que les dirigeants syndicaux ne devraient pas être soumis à des mesures de
rétorsion, et notamment des arrestations et des détentions, pour avoir exercé des
droits découlant des instruments de l’OIT sur la liberté syndicale, y compris pour
avoir déposé plainte auprès du Comité de la liberté syndicale, et soulignant
l’importance de veiller à ce que les droits syndicaux puissent s’exercer
normalement, dans le respect des droits fondamentaux de l’homme et dans un climat
exempt de pressions, de menaces et de craintes de tous ordres, le comité réitère
qu’il attend fermement du gouvernement qu’il fournisse sans délai des informations
détaillées sur les motifs et l’état des mesures de révocation et disciplinaires à
l’encontre des dirigeants syndicaux et syndicalistes suivants: M. NKungi Masewu,
président du SYAPE; M. Embusa Endole, président du Syndicat Espoir; M. Gongwaka,
dirigeant syndical; M. Kaleba, président du comité de base CCT/Finances; et
M. Kalambay, coordinateur du COSSA. Notant avec préoccupation les allégations
additionnelles de harcèlement à l’encontre des responsables syndicaux, le comité
prie instamment le gouvernement de fournir des informations sur la situation de
MM. Mulangu Ntumba, secrétaire général de SAFE, et Tshimanga Musungay, secrétaire
général du Renouveau syndical du Congo (RESYCO).
- j) Le comité réitère qu’il
attend fermement du gouvernement qu’il fournisse sans délai des informations
détaillées en réponse aux allégations selon lesquelles des dirigeants syndicaux dans
la fonction publique feraient l’objet de mesures disciplinaires, notamment la
révocation, et en particulier sur les motifs retenus pour justifier la révocation en
mai 2016 du président du Syndicat des agents et fonctionnaires publics de l’État
(SYAPE), M. NKungi Masewu.
- k) Compte tenu des difficultés à obtenir les
informations attendues de la part du gouvernement comme des organisations
plaignantes, le comité rappelle avec insistance qu’il invite le gouvernement à
accepter une mission consultative pour faciliter la compréhension et la résolution
des questions en suspens.