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- 332. La plainte figure dans des communications présentées par la
Confédération internationale des syndicats libres le 7 mars, le
27 avril, le 4 mai et le 17 juin 1988. Le gouvernement a envoyé ses
observations dans des lettres datées du 28 juin et du 7 septembre 1988.
- 333. El Salvador n'a ratifié ni la convention (no 87) sur la
liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, ni la
convention (no 98) sur le droit d'organisation et de négociation
collective, 1949.
A. Allégations de l'organisation plaignante
A. Allégations de l'organisation plaignante
- 334. Dans sa communication du 7 mars 1988, la CISL dénonce avec
préoccupation les violations continuelles des droits syndicaux qui
seraient commises pratiquement chaque jour en El Salvador. Selon la
communication, El Salvador, en dépit d'importants efforts de
démocratisation entrepris ces huit dernières années, du progrès social
et des élections tenues en 1984, continue d'être un pays où sévit la
guerre civile, un pays caractérisé par la violence, la misère et par
la marginalisation sociale. Les anciennes oligarchies et les forces
d'extrême droite - toujours selon la communication -, alliées aux
militaires, continuent d'exercer une influence excessive sur la vie
politique et économique. Même le gouvernement élu en 1984 n'est pas
parvenu à soumettre les forces armées au pouvoir civil. Dans le
domaine économique, la situation est dramatique; le chômage atteint
70 pour cent de la population économiquement active et risque encore
de s'aggraver avec la législation récente régissant la présence
d'immigrants salvadoriens illégaux aux Etats-Unis. Au cours des sept
dernières années, l'inflation a dépassé 300 pour cent, les denrées
alimentaires de base manquent et le nombre de logements disponibles
est gravement déficitaire puisque la moitié de la population, ou peu
s'en faut, vit dans des habitations en carton ou dans des bidonvilles.
11 faut ajouter à tout cela l'indice d'analphabétisme qui est de
60 pour cent. La réaction du gouvernement devant la grave crise
économique qui sévit a consisté - selon la communication - à adopter
une série de mesures d'austérité et à lancer une campagne répressive
et orientée, destinée à saper le moral et la capacité de lutte des
travailleurs.
- 335. Il est ajouté dans la communication de la CISL que, d'autre
part, faute d'accord mettant fin à la guerre civile, celle-ci se
poursuit avec des bombardements, de coûteuses opérations militaires
qui détruisent la faune et la flore, l'infrastructure, les
installations minières, etc., et qui aggravent encore une situation
économique déjà désastreuse. S'agissant des droits de la personne
humaine et des droits syndicaux, on assiste à des violations
délibérées du fait des forces de sécurité et à une réapparition des
escadrons de la mort. La communication ajoute que les assassinats et
les disparitions pour raisons politico-syndicales se poursuivent. A ce
jour, aucun membre des forces de sécurité n'a été traduit en justice
pour violation des droits de l'homme. Les travailleurs salvadoriens
jouissent, de par la Constitution, du droit d'organisation. Cependant,
certains droits syndicaux, comme celui de constituer des syndicats, le
droit de négociation collective et le droit de grève sont limités au
secteur privé; les travailleurs des administrations publiques non
autonomes n'en bénéficient pas. En dépit de ces garanties
constitutionnelles, le gouvernement d'un côté et les forces
extrémistes de droite et de gauche de l'autre s'efforcent, par divers
moyens de pression, de manipuler les travailleurs et leurs
organisations à des fins politiques, compromettant ainsi le
renforcement d'un mouvement syndical autonome, capable de défendre et
de promouvoir les intérêts des travailleurs.
- 336. La communication de la CISL ajoute que l'on a constaté une
recrudescence des violations des droits de l'homme et des droits
syndicaux au cours de l'année 1987, et elle présente un rapport sur
les actes de répression commis par les forces militaires et de police
et par les escadrons de la mort entre août et décembre 1987 (voir en
annexe à la fin de l'exposé du présent cas).
- 337. D'autre part, la communication ajoute que les mouvements
insurrectionnels contrôlés par le FMLN et engagés dans une campagne de
paralysie des transports terrestres et de sabotage des opérations
électorales ont mitraillé un autobus qui transportait des travailleurs
de l'entreprise de textile IUSA, assassinant trois syndicalistes et
faisant quatre blessés graves. Selon la communication, ces faits se
sont produits le vendredi 19 février 1988 à 20 heures, dans la
localité de San Martin, à 20 kilomètres de San Salvador. Les
syndicalistes assassinés étaient: Custodia de Jesûs Rivas, Xenia
Marisol Lapez Molina et Rosa Cândida Martinez Marroquin; les blessés
graves sont: Maria Angélica Mejias, Marta Romero Guillén, Elias Segura
Cerôn et Hernân Eduardo Contreras (conducteur de l'autobus). Tous
étaient membres de ce syndicat. La communication conclut en rappelant
que c'est au gouvernement d'El Salvador qu'incombe la responsabilité
de garantir le respect total des droits de l'homme et des droits
syndicaux, d'identifier les responsables des violations de ces droits
et de les juger afin de garantir la sécurité des citoyens.
- 338. Dans sa communication du 27 avril 1988, la CISL dénonce la
disparition de Fredy Torres, syndicaliste et secrétaire culturel du
Syndicat des travailleurs de l'assurance sociale (STISS), qui avait
été appréhendé le 22 avril 1988 par des individus en civil fortement
armés. Il a complètement disparu depuis; antérieurement, il avait reçu
des menaces qui lui auraient été adressées par la police nationale.
Peu de temps auparavant, il avait été dénoncé par le directeur de
l'Institut de l'assurance sociale comme étant responsable de la grève
déclenchée au début de 1988 par son syndicat et, dans le contexte
salvadorien, une telle accusation peut entraîner de graves
conséquences.
- 339. Dans sa communication du 4 mai 1988, la CISL dénonce
l'assassinat, le 29 avril 1988 à San Salvador, par des inconnus,
d'Adriân Chavarria Girôn, syndicaliste et secrétaire aux relations
internationales de la Confédération générale des travailleurs (CGT). A
la même date, le siège de l'Union nationale des travailleurs
salvadoriens (UNTS) a été la cible d'un attentat à l'explosif qui a
causé de graves dégâts matériels.
- 340. Dans une autre communication en date du 17 juin 1988, la
CISL affirme que, le 8 juin 1988, Domingo Lépez Morales, syndicaliste
et premier secrétaire aux conflits du travail de la sous-section
syndicale de l'entreprise de construction "José Nuila Fuentes",
syndicat affilié à la FENASXRAS, a été criblé de balles et est mort
devant sa famille. Selon le témoignage de ses proches, cet incident
s'est produit dans la propriété Nacuilafa, relevant de la juridiction
de Nejapa (à 18 kilomètres de San Salvador); quelque 25 personnes en
uniforme y étaient impliquées.
- 341. La communication ajoute que, le 6 juin 1988, le coopérateur
José Parada a été arrêté par des militaires du bataillon Jucuarân, à
San Francisco Xavier, dans le département d'Usulatân. Lors de son
arrestation, il transportait la somme de 40.000 colons appartenant à
la coopérative, et les militaires se sont servis de ce fait pour
l'accuser de servir de contact à la guérilla dans cette zone à forte
implantation militaire. La communication poursuit en alléguant que, le
29 mai 1988, des militaires de la troisième brigade de l'armée ont
procédé à une sévère perquisition à la coopérative "Guayojo" district
de Matapân, département de Santa Ana, à 70 kilomètres à l'est de
San Salvador. Trois coopérateurs ont alors été arrêtés: Rolando
Aguirre Areola, président; Eugenio Galdanés et Orlando Areola Lôpez,
membres. Ces personnes ont été détenues pendant cinq jours sans
qu'aucune accusation ne soit retenue contre elles; cette perquisition
avait été effectuée sous prétexte de chercher des armes, mais rien ne
fut trouvé.
- 342. La communication de la CISL signale en outre que, depuis le
12 mars 1988, un mandat d'arrêt a été lancé contre quatre dirigeants
de la FENASTRAS: Gerardo Diaz, secrétaire de l'organisation,
Antonio Guatemala, secrétaire général du Syndicat de l'industrie
bancaire (SIGEBAN), Antonio Inglés et Juan Huezo, pour de prétendues
agressions contre M. Tadeo Bernai Lizama, ministre du Travail. La
communication ajoute qu'il est évident que, quel que soit le
bien-fondé de l'accusation, le mandat d'arrêt lancé contre ces
personnes a pour objet de les intimider et de limiter leurs activités
syndicales. De même, l'UNTS a signalé que le haut commandement des
forces armées avait lancé des mandats d'arrêt contre neuf dirigeants
de l'Association nationale des travailleurs de l'Institut du
ravitaillement (ASTIRA), dans le département de Santa Ana. Il s'agit
des personnes suivantes: Celestino Nûnez, Francisco Aguilar,
Manuel Pérez Avila, Gilberto Fuentes, Antonio Rivora, Rogelio Guevara,
Pedro Benitez, Milton Retana et Oscar Retana.
- 343. Dans une autre communication en date du 12 octobre 1988, la
CISL dénonce les faits suivants: le 11 septembre 1988, les
coopérateurs suivants ont été arrêtés à Usulutan: Alberto Olmedo,
Bartolo Cornejo, Remberto Hernândez Flores, Leonor Pena Sânchez,
Antonio Pérez, Sébastian Espinoza, Edwin Andrade et N. Henriquez. On
ignore le lieu où ils sont détenus. Le 13 septembre 1988, les locaux
de l'Union nationale des travailleurs salvadoriens (UNTS) et la
garderie du Syndicat FENASTRAS-San Miguelito ont été perquisitionnes
sans mandat. Tous les membres du comité exécutif de l'UNTS furent
détenus dans les locaux de cette organisation. Dans la garderie furent
appréhendés illégalement Roberto Campos, Laura Mira et son conjoint,
ainsi que l'étudiant Otoniel Guevara. Ce jour-là, à l'occasion de
manifestations, des étudiants, des enseignants, des travailleurs
universitaires et des agriculteurs de San Salvador, Santa Ana et
San Miguel furent agressés par les forces de police. Le 14 septembre
1988, le local de l'Association nationale des travailleurs agricoles
(ANTA) a été perquisitionné et, à cette occasion, 15 personnes ont été
appréhendées sans mandat d'arrêt et elles ont disparu.
- 344. La communication de la CISL ajoute que le 21 septembre 1988,
dans la zone du canton de San Francisco, département de San Vincente,
juridiction de San Sebatiân, dix paysans ont été assassinés et que la
responsabilité de ces assassinats est imputée aux forces armées. On a
essayé de dissimuler ce fait en invoquant un prétendu affrontement
entre paysans et guérilleros. Plusieurs témoins des faits confirment
que ce sont des membres de la cinquième brigade de l'armée qui sont
responsables de ces assassinats. L'Union nationale ouvrière paysanne
(UNOC) a tenu une conférence de presse pour dénoncer ces faits,
exigeant en outre que le commandant des forces armées enquête sur ces
faits tragiques et que les auteurs de ces crimes soient punis. Voici
les noms des paysans assassinés: José Atilio Rivas, Zoila Rivas, Jesûs
Cepeda (père), Jesûs Cepeda (fille), Francisco Alfaro, José Alfaro,
Nicolas Flores, José Maria Flores, Teresa Argueta et Ulises Gibriân.
B. Réponse du gouvernement
B. Réponse du gouvernement
- 345. Dans une communication en date du 28 juin 1988, le
gouvernement, se référant à la communication de la CISL datée du
7 mars 1988, indique que les dénonciations qui y sont contenues sont
entachées de partialité, étant donné qu'elles ne mentionnent que de
prétendus cas de violation de la liberté syndicale et des droits de
l'homme imputés aux forces armées, au ministère du Travail et au
centre judiciaire Isidro Menéndez; d'ailleurs, la CISL s'abstient de
dénoncer les cas dans lesquels ont été impliqués les groupes du FMLN
qui, par leurs actes de violence et de terrorisme, menacent les droits
humains des travailleurs, par exemple le mitraillage, en février
dernier, d'un autobus qui transportait des ouvriers de l'usine de
textile Industrias Unidas SA (IUSA), lors d'un arrêt du véhicule et
sur l'ordre du FMLN; il en va de même pour les droits économiques et
sociaux, lorsque sont détruits des locaux de travail, ce qui prive les
travailleurs de leurs emplois et aggrave la pauvreté de leurs foyers.
On peut également signaler que de nombreuses dénonciations formulées
par la CISL s'inspirent des divers organes de presse, lesquels ne font
que divulguer les informations reçues lors de constantes conférences
de presse des organisations ou de quelques particuliers qui se
considèrent comme des victimes de la répression, et cela sans vérifier
si les informations ainsi communiquées sont exactes ou erronées. Cette
situation fait partie d'une campagne de désinformation au niveau
international, dirigée contre le pays par les plaignants qui inondent
les organismes internationaux et les gouvernements de dénonciations et
de plaintes pour obtenir que le gouvernement d'El Salvador soit
condamné dans les différentes enceintes internationales, en
l'occurrence les réunions de l'OIT. On s'efforce, par la même
occasion, de cacher la réalité des problèmes qu'affrontent le pays et
la population et des efforts que déploie le gouvernement pour les
résoudre; on s'efforce surtout de couvrir les auteurs matériels et
intellectuels des actes criminels et terroristes commis par le
FMLN-FDR avec l'aide d'autres gouvernements et d'organisations
internationales.
- 346. La communication du gouvernement poursuit en affirmant que,
s'agissant des accusations de répression gouvernementale contre les
syndicats et les organisations de base, il convient de préciser
qu'El Salvador respecte le droit de tous les travailleurs à la liberté
syndicale, ce droit étant garanti par le ministère du Travail et de la
Prévoyance sociale, par la Direction générale.du travail et par la loi
organique pertinente qui prévoit, en son article 12, paragraphe 4,
qu'il importe "d'encourager la formation d'associations
professionnelles de travailleurs et d'auxiliaires ainsi que la
conclusion de contrats et de conventions collectives de travail". Il
est de même illogique d'accuser le centre judiciaire Isidro Menéndez
d'être un instrument de répression gouvernementale puisque, en
l'occurrence, ce centre est le lieu même où se trouvent les édifices
des tribunaux ou instances judiciaires de la capitale. De même, on ne
saurait considérer les juges qui sont à la tête de ces tribunaux comme
étant les auteurs de la répression, puisqu'il s'agit seulement de
fonctionnaires civils qui, en application de la Constitution, ont
compétence pour juger et faire exécuter les jugements dans le cadre de
la loi. Enfin, en ce qui concerne les accusations de répression
lancées contre les forces armées, il importe de préciser que, ces
dernières années, les organisations syndicales ont déclenché des
conflits du travail non seulement pour obtenir des augmentations de
salaires, mais aussi pour déstabiliser le gouvernement par une
attitude d'intransigeance politique, en présentant des exigences qui
ne pouvaient être acceptées étant donné la situation de crise
socio-économique et politique que traverse le pays. De même, certaines
organisations se sont alliées à des groupes du FMLN, ce qui fait qu'on
les a considérées comme des groupes de façade, et leurs actions font
partie des plans de déstabilisation du FMLN-FDR, plans qui ont été
connus à la suite de la saisie de documents secrets appartenant tant
auxdites organisations qu'aux groupes du FMLN. Il convient également
de signaler que les organisations qui prétendent être victimes d'une
répression et qui tirent partie du droit constitutionnel de libre
expression ont eu recours à des manifestations de rues, lesquelles
sont accompagnées d'actes de violence terroriste: inscriptions à la
peinture sur les murs et les véhicules, agressions contre la propriété
publique et privée, provocations contre les corps de sécurité, etc.
Devant ces actes, le rôle des forces armées est d'être vigilantes et
de garantir la sécurité de la propriété privée et publique et de tous
les citoyens en général. Avec de tels actes, ces organisations ont
menacé non seulement la vie de leurs propres adhérents mais également
celle des citoyens en général qui exprimaient leur total désaccord
avec ces méthodes violentes et irrationnelles de lutte syndicale.
- 347. La communication du gouvernement conclut que ces actes de
provocation ont pour objectif délibéré de provoquer les forces armées,
afin de créer des martyrs et de pouvoir ensuite lancer des campagnes
de désinformation dans le cadre desquelles le gouvernement et les
forces armées seront dénoncés comme ayant violé les droits de l'homme
en El Salvador, et en particulier ceux de la classe laborieuse. La
communication est accompagnée de photocopies d'observations formulées
par le ministère du Travail sur les diverses dénonciations présentées
par la CISL.
- 348. Dans une autre communication, également datée du 28 juin
1988, le gouvernement se réfère à la communication de la CISL relative
à la détention de Fredy Torres, secrétaire culturel du Syndicat des
travailleurs de l'Institut salvadorien de l'assurance sociale (STISS),
et signale à cet égard que, selon un journal local, M. Torres,
également connu sous le pseudonyme de "Carlos", a été arrêté le
22 avril de cette année par des membres de la police des finances sous
suspicion d'avoir commis des actes de caractère terroriste, d'avoir
incendié un autobus de la ligne 29 à San Salvador le 8 avril, après
quoi il a été interné au pénitencier de La Esperanza, puis libéré le
26 avril par la sixième Chambre pénale de San Salvador, aucune charge
n'ayant été retenue à son encontre. La communication du gouvernement
est accompagnée d'une copie du journal local donnant cette nouvelle.
- 349. Dans une autre communication en date du 7 septembre 1988, le
gouvernement fournit des informations sur l'assassinat de M. Adrian
Chavarria Giron, dirigeant syndical et secrétaire aux relations
internationales de la Confédération générale des travailleurs (CGT),
et il indique à cet égard que, étant donné le caractère délicat de
cette affaire, celle-ci fait actuellement l'objet d'investigations par
l'unité executive de la Commission d'enquête sur les faits délictueux.
Le gouvernement déclare qu'il fournira, en temps voulu, des
renseignements sur les résultats de ladite enquête.
C. Conclusions du comité
C. Conclusions du comité
- 350. Le comité observe que l'organisation plaignante brosse un
tableau général de la situation économique, politique et sociale du
pays et communique en annexe une liste des actes allégués de
répression qui se seraient produits entre août et décembre 1987.
- 351. Le comité note également les informations générales fournies
par le gouvernement, et en particulier le fait que de nombreuses
allégations présentées par la CISL s'inspirent d'articles de presse
qui reproduisent des informations fournies par des personnes ou des
organisations considérées comme victimes de la répression, sans
vérifier la véracité de ces informations, ce qui, selon le
gouvernement, s'insère dans le cadre d'une campagne de désinformation
internationale dirigée contre le pays par les plaignants, campagne qui
cherche à couvrir les auteurs des actes criminels et terroristes
commis par le FMLN-FDR avec l'appui d'autres gouvernements et
organisations internationales.
- 352. De même, le comité prend note des déclarations du
gouvernement au sujet des accusations d'actes de répression que
lui-même et les forces armées auraient commis contre des syndicats et
des organisations de base. Selon le gouvernement, ces dernières
années, les organisations syndicales auraient provoqué des conflits du
travail non pas pour obtenir des augmentations de salaires, mais dans
le dessein de déstabiliser le gouvernement par des actions politiques
intransigeantes, étant donné que certaines organisations se sont
alliées au FMLN et lui servent de façade et que leurs actions
s'inscrivent dans les plans de déstabilisation de cette organisation.
En ce qui concerne ces commentaires du gouvernement, le comité
souligne qu'un climat de violence donnant lieu à l'assassinat ou à la
disparition de dirigeants syndicaux constitue un grave obstacle à
l'exercice des droits syndicaux et que de tels actes exigent des
mesures sévères de la part des autorités.
- 353. S'agissant de l'allégation relative à l'arrestation, le
22 avril 1988, du syndicaliste Fredy Torres accusé d'avoir commis des
actes terroristes, le comité observe que, selon le gouvernement,
l'intéressé a été libéré par la sixième Chambre criminelle, aucune
charge n'ayant été retenue contre lui; à cet égard, le comité rappelle
le principe selon lequel, lorsque les autorités arrêtent des
syndicalistes contre lesquels aucun motif d'inculpation n'est
ultérieurement retenu, cela risque d'impliquer des restrictions à
l'exercice des droits syndicaux. Les gouvernements devraient prendre
des mesures pour que les autorités compétentes reçoivent des
instructions appropriées afin d'éliminer le risque que les mesures de
détention impliquent pour les activités syndicales.
- 354. Le comité prend note des observations du gouvernement au
sujet de l'assassinat du dirigeant syndical Adriân Chavarria Girôn, et
notamment du fait que l'affaire a été confiée à l'unité executive de
la Commission d'enquête sur les délits et qu'il sera informé du
résultat de l'enquête en cours.
- 355. En ce qui concerne le mitraillage, le 19 février 1988, d'un
autobus de l'entreprise "IUSA", qui a entraîné la mort des
syndicalistes Jésus Rivas, Xenia Marisol Lôpez Molina et Rosa Cândida
Martinez Marroquin et provoqué de graves blessures à Maria Angélica
Mejias, Marta Romero Guillén, Elias Segura Cerôn et Hernân Contreras,
le comité rappelle le principe selon lequel un mouvement syndical
réellement libre et indépendant ne peut exister dans un climat de
violence et d'incertitude. Il incombe aux gouvernements de garantir le
respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
- 356. En ce qui concerne les dénonciations présentées par la CISL
dans une liste annexée à sa communication du 7 mars 1988 portant sur
la répression gouvernementale alléguée contre des syndicats et des
organisations de base entre août et décembre 1987, le comité prend
note des observations du gouvernement sur certains des faits allégués
dans ladite liste (voir les annexes I et II à la fin de l'examen du
présent cas).
- 357. S'agissant des allégations formulées par la CISL et
relatives à l'assassinat le 8 juin 1988 du syndicaliste Domingo Lôpez
Morales et des agriculteurs José Atilio Rivas, Zoila Rivas, Jesûs
Cepeda (père), Jesûs Cepeda (fille), Francisco Alfaro, José Alfaro,
Nicolas Flores, José Maria Flores, Teresa Argueta et Ulises Gibriân le
21 septembre 1988, le comité, tout en déplorant que le gouvernement
n'ait pas communiqué ses observations sur ces allégations, rappelle le
principe selon lequel les droits syndicaux ne peuvent s'exercer que
dans un climat exempt de violence, de pressions ou de menaces de toute
nature contre les syndicalistes; il incombe aux gouvernements de
garantir le respect de ce principe; il rappelle en outre qu'un
mouvement syndical réellement libre et indépendant ne peut exister que
dans le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
- 358. Le comité observe enfin que le gouvernement n'a pas
communiqué ses informations et observations sur les allégations
suivantes: arrestation, le 6 juin 1988, du coopérateur José Parada par
des militaires du bataillon Jucuaran à San Francisco Xavier, alors
qu'il avait été trouvé en possession de 400.000 colons appartenant à
la coopérative; perquisition, pour recherche d'armes, de la
coopérative "Guayojo", située dans le ressort juridictionnel de
Matapan, département de Santa Ana, et arrestation subséquente des
coopérateurs Rolando Aguirre Areola, Eugenio Galdanés et Orlando
Areola Lapez; mandat d'arrêt lancé le 12 mars 1988 contre quatre
dirigeants du FENASTRAS: Gerardo Diaz, Antonio Guatemala, Antonio
Inglés et Juan Huezo pour de prétendues agressions contre le ministre
du Travail, et mandat d'arrêt lancé par les forces armées contre neuf
dirigeants de l'Association nationale des travailleurs de l'Institut
de réglementation du ravitaillement (ASTIRA): Celestino Nûnez,
Francisco Aguilar, Manuel Pérez Avila, Gilberto Fuentes, Antonio
Rivora, Rogelio Guevara, Pedro Benitez, Milton Retana et Oscar Retana;
communication de la CISL en date du 12 octobre relative à
l'arrestation à Usulutan, le 11 septembre 1988, des coopérateurs
Alberto Olmedo, Bartolo Cornejo, Remberto Hernândez Flores, Leonor
Pena Sânchez, Antonio Pérez, Sébastian Espinoza, Edwin Andrade et
N. Henriquez; perquisition sans mandat judiciaire, le 13 septembre
1988, des locaux de l'Union nationale des travailleurs salvadoriens
(UNTS) et de la garderie du Syndicat FENASTRAS-San Miguelito; et
détention, dans les locaux de l'UNTS, de tous les membres du comité
exécutif de cette organisation et, dans la garderie, de Roberto
Campos, Laura Mira et de l'époux de celle-ci, ainsi que de l'étudiant
Otoniel Guevara; perquisition, le 14 septembre 1988, des locaux de
l'Association nationale des travailleurs agricoles (ANTA) et
arrestation sans mandat d'arrêt de 15 personnes dont on ignore où
elles se trouvent.
Recommandations du comité
Recommandations du comité
- 359. Au vu des conclusions intérimaires qui précèdent, le comité
invite le Conseil d'administration à approuver les recommandations
suivantes :
- a) Le comité exprime une fois de plus sa profonde préoccupation
devant la gravité et la persistance des allégations présentées au
sujet de la disparition, de l'assassinat, de l'arrestation et de
l'intimidation de nombreux syndicalistes en El Salvador.
- b) S'agissant de l'arrestation du syndicaliste Fredy Torres et de sa
libération ultérieure, aucune charge n'ayant été retenue contre
lui, le comité signale que les gouvernements devraient prendre
des dispositions pour que les autorités compétentes reçoivent des
instructions appropriées afin d'éliminer le risque que les
mesures de détention impliquent pour les activités syndicales.
- c) S'agissant de l'assassinat du dirigeant syndical Adriân Chavarria
Girôn, le comité demande au gouvernement de le tenir informé du
résultat de l'enquête officielle en cours et de son évolution
ultérieure.
- d)S'agissant de l'assassinat des syndicalistes Jesûs Rivas, Xenia
Marisol Lapez Molina et Rosa Cândida Martinez Marroquin et des
graves blessures causées à Maria Angélica Mejias, Marta Romero
Guillén, Elias Segura Cerén et Hernân Contreras, à la suite du
mitraillage de l'autobus dans lequel ils se déplaçaient, le
comité exprime sa préoccupation devant la gravité de ces faits et
il demande au gouvernement de prendre les mesures appropriées
pour prévenir la répétition de tels actes.
- e) S'agissant de l'assassinat du syndicaliste Domingo Lôpez Morales,
le 8 juin 1988, et des agriculteurs José Atilio Rivas, Zoila
Rivas, Jesûs Cepeda (père), Jesûs Cepeda (fille), Francisco
Âlfaro, José Alfaro, Nicolas Flores, José Maria Flores, Teresa
Argueta et Ulises Gibriân, le comité demande au gouvernement de
diligenter une enquête judiciaire indépendante afin de définir
les responsabilités, de punir les coupables et de prévenir le
renouvellement de tels actes, et également de tenir le comité
informé de toute mesure qui serait prise en liaison avec
l'ouverture d'une enquête judiciaire.
- f) Enfin, le comité demande au gouvernement de lui communiquer ses
informations et observations sur les allégations suivantes:
arrestation, le 6 juin 1988, du coopérateur José Parada par des
militaires du bataillon Jucuaran à San Francisco Xavier,
l'intéressé ayant été trouvé en possession de 400.000 colons
appartenant à la coopérative; perquisition, pour recherche
d'armes, de la coopérative "Guayojo" dans le ressort
juridictionnel de Matapan, département de Santa Ana, et détention
ultérieure pendant cinq jours des coopérateurs Rolando Aguirre
Areola, Eugenio Galdanés et Orlando Areola Lôpez; mandat d'arrêt
lancé depuis le 12 mars 1988 contre quatre dirigeants du
FENASTRAS: Gerardo Diaz, Antonio Guatemala, Antonio Inglés et
Juan Huezo pour de prétendues agressions contre le ministre du
Travail; mandat d'arrêt.lancé par les forces armées contre neuf
dirigeants de l'Association nationale des travailleurs de
l'Institut du ravitaillement (ASTIRA): Celestino Nûnez, Francisco
Aguilar, Manuel Pérez Avila, Gilberto Fuentes, Antonio Rivora,
Rogelio Guevara, Pedro Benitez, Milton Retana et Oscar Retana;
communication de la CISL, en date du 12 octobre, relative à
l'arrestation à Usulutan, le 11 septembre 1988, des coopérateurs
Alberto Olmedo, Bartolo Cornejo, Remberto Hernândez Flores,
Leonor Pena Sânchez, Antonio Pérez, Sébastian Espinoza, Edwin
Andrade et N. Henriquez, et perquisition sans mandat judiciaire,
le 13 septembre 1988, des locaux de l'Union nationale des
travailleurs salvadoriens (UNIS) et de la garderie du Syndicat
FENASTRAS-San Miguelito, et arrestation dans les locaux de l'UNTS
de tous les membres du comité exécutif de cette organisation et,
dans la garderie, de Roberto Campos, Laura Mira et de l'époux de
celle-ci, ainsi que de l'étudiant Otoniel Guevara; perquisition,
le 14 septembre 1988, des locaux de l'Association nationale des
travailleurs agricoles (ANTA) et arrestation sans mandat d'arrêt
de 15 personnes dont on ignore où elles se trouvent. En outre, le
comité demande au gouvernement de lui communiquer ses
observations sur les allégations qui n'ont pas reçu de réponse et
qui figurent à l'annexe I du présent cas.
Z. ANNEXE I
Z. ANNEXE I
Annexe non incluse